Le 14 juillet approche et avec lui, une journée au rythme des cérémonies nationales. Et malgré l’engouement certain qui persiste sur le territoire quant à ces célébrations, force est de constater que Mayotte reste largement sous-représentée dans le roman national. Dans une moindre mesure, tous les bouts de France ultramarins souffrent encore de ce déficit de représentation. Face à cela, on pouvait donc se féliciter de l’initiative, prise en fin d’année 2020 par la présidence de la République de dresser des « portraits de France ». Avec la diversité comme ligne directrice, l’on promettait ainsi à destination des Outre-mer que « chaque région sera représentée ». À la parution de ce document, c’est la déception. Une fois n’est pas coutume, Mayotte est passée à la trappe et aucune personnalité issue de son sol n’a trouvé place dans les 318 visages et leurs histoires sélectionnés.
L’affaire avait évidement ému. Et poussé le député Kamardine, en avril, à le faire savoir au président de la République. Dans son courrier, le parlementaire n’hésitait d’ailleurs pas à proposer des noms. Lesquels, sans surprise, font écho au « combat » de Mayotte
Française, d’Andriantsouli à Younoussa Bamana en passant par Zéna Mdéré ou Zakia Madi. Alors, difficultés méthodologiques ou frilosité diplomatique, difficile de savoir ce qui a poussé le conseil scientifique à ne pas retenir de noms Mahorais. Toujours est-il que, selon nos informations, l’office culturel du Département n’a pas été contacté en vue de soumettre ses propositions.
« 1935-1945 : ces héros venus d’Outre-mer »
L’occasion est donc manquée mais tout n’est pas perdu, semble-t-il. D’abord, dans un courrier en date du 4 juin, le directeur de cabinet du président, Patrick Strozda veut rassurer le député en ces termes : « vous pouvez être certain de toute l’attention portée par le Chef de l’État à votre souhait que des personnalités mahoraises puissent intégrer la liste établie par le conseil scientifique animé par l’historien Pascal Blanchard, afin de contribuer au travail de reconnaissance de la Nation à des héros issus notamment des outre-mer pour renouveler la représentation de l’histoire de France. » Décision a en effet été prise que cette liste serait renouvelée.
Et Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, de venir le 2 juillet rassurer à son tour Mansour Kamardine. « J’ai transmis votre correspondance à ma collègue Nadia Hai, ministre déléguée auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargée de la Ville, en charge du pilotage de cette liste », écrit ainsi le ministre. Surtout, Sébastien Lecornu vient assurer que Boinali Souprit, combattant Mahorais de la seconde guerre mondiale sera mis à l’honneur à l’occasion de l’exposition « 1939-1945 : ces héros venus d’Outre-mer » qui s’ouvrait ce lundi au sein du ministère.
Boinali Souprit ouvre la brèche
Cette fois, la promesse est tenue et à cette exposition vient s’ajouter une série de vidéos, publiées tout au long du mois de juin sur le site du média Outremers 360. Ce lundi, venait
alors le tour de Mayotte, avec le témoignage émouvant de Badirou Abdou, neveu de Boinali Souprit. Le format court empêche de lever le voile sur tout le parcours de ce combattant enrôlé, puis envoyé à Djibouti d’où il a rejoint les forces françaises libre à l’appel du général De Gaulle. Mais voilà qu’un premier pas est franchi : Boinali Souprit gagne les rangs des ultramarins reconnus par la nation.
Quant à ce que des figures mahoraises intègrent le récit national par la grande porte : « d’autres projets sont actuellement à l’étude. Je m’assurerai que les noms que vous avez bien voulu transmettre au Président de la République fassent l’objet d’une étude poussée, afin de faire entrer dans l’Histoire de notre pays les noms des Mahoraises et Mahorais qui ont contribué à sa grandeur », écrit Sébastien Lecornu au député Kamardine. Sur une nouvelle page ?
G.M