A Pamandzi, la fête du livre au secours de la culture orale

Allier l'oral et l'écrit, c'est possible. Cette ambition affichée par les Wababoufou, collectif de bibliothécaires conteuses, était aussi celle de la mairie de Pamandzi qui avait invité l'association à sa fête du livre vendredi. L'occasion de faire découvrir la lecture et l'écriture tout en faisant vivre la culture mahoraise, par les contes, le maquillage ou encore la musique.

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Entre fête du livre et fête de la musique

Le son des M’Biwis résonne dans la cour de la bibliothèque de Pamandzi. Une fois n’est pas coutume, c’est dans le bruit qu’on était invités à lire ce vendredi pour la fête du livre portée par la municipalité, l’agence régionale du livre et de la lecture (ARLL) et la direction des affaires culturelles (DAC).

« La fête du livre est un événement national, l’édition de cette année est sur le thème « mer et merveille » » explique Dhoifiri Saïd, directeur de la bibliothèque municipale. Un thème sur mesure pour Mayotte. Autour des affiches présentant les animaux de la mer, des enfants par dizaines lisent, jouent, fabriquent des poupées en carton ou s’initient au m’biwi au gré des ateliers proposés.

« Aujourd’hui on a des ateliers de Slam, de marionnettes sur le théâtre, de maquillage traditionnel, pour donner du tempo et de la couleur aux jeunes filles et aux dames » décrit le directeur. « Il y a aussi un bus numérique car de nos jours on ne peut rien faire sans le numérique, et avec la crise sanitaire on nous pousse à travailler et à vivre avec le numérique pour toutes nos démarches.

Tenues, maquillage et rythmes traditionnels ont fait vivre cette fête du livre

Comme on reçoit un public jeune on est sur de la sensibilisation et de la découverte. A partir de dessins et avec des tablettes, les jeunes prennent une photo et essayent de la modifier.
Sans oublier que la lecture et l’écriture sont incontournables.

Il y a aussi un atelier slam, là on est dans l’imagination des mots, l’idée c’est, en cette période de vacances scolaires non pas de retourner sur les bancs des écoles mais de profiter des vacances pour donner du goût à la lecture et à l’écriture en étant à l’aise et en passant de bonnes vacances en conceptualisant des textes.

Puis il y a la bibliothèque de rue, là ce n’est que de la lecture pour partager le goût de lire, ce qui est l’objectif général de cette journée. »

Faire connaître une culture « en perdition »

Dhoifiri Saïd, directeur de la bibliothèque de Pamandzi

Pour Dhoifiri Saïd, cette fête était un moment important pour la commune et pour la jeunesse de Mayotte. « C’est important de lire car pour inventer ses propres mots il faut avoir une base littéraire, d’où l’importance de s’enrichir, d’apprendre des mots, pour ensuite en faire ce qu’on veut en faire. On a environ 100 enfants avec des va et vient, nous avons réussi à faire venir des jeunes de Grande Terre, y’a Dembéni, Bandrélé, Sada, Chiconi… ça veut dire que la bibliothèque de Pamandzi est devenue attractive. C’est notre objectif pour cette année : faire venir des lecteurs de tout Mayotte.

On s’est pour cela allié au lycée de Petite Terre puisqu’on y trouve des étudiants des 4 coins de Mayotte, pour faire venir ces jeunes. On essaye d’être toujours en mouvement. »

Au delà de la seule lecture, la fête du livre était aussi l’occasion pour les enfants de tous âges de s’initier à des pans de culture mahoraise qui, parfois se perdent.

En invitant le collectif de conteuses Wababoufou, avec des ateliers de musique ou de maquillage, « il y a cette valorisation de la culture locale. Il est pointé du doigt que la langue maternelle ici est en perdition, or, on ne peut rien faire sans la langue maternelle »poursuit le responsable.

Un constat partagé par Djoumoi Baraka, une mère de famille venue avec des enfants de 3 à 15 ans.

Le plaisir de lire allié à la joie de sortir en famille

« On est venus parce qu’il y a des animations et les enfants découvrent plein d’autres choses que devant la télévision, et d’autres façons de découvrir le livre. Je suis venue avec des enfants de 3 ans à 15 ans, et ils s’amusent tous, ils sont dans tous les ateliers, ce qui est intéressant c’est comment les ateliers sont mis en place, c’est très vivant et intéressant. » Pour elle, l’intégration à l’événement d’une dimension culturelle locale a été déterminant pour ce choix de sortie. « Il est aussi très important pour nos enfants qu’on reste sur la culture mahoraise pour qu’on ne puisse pas la perdre, c ‘est un élément prioritaire car on commence à perdre petit à petite ces histoires locales, mélanger tout ça c’est bien ! »

Y.D.

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