Le traumatisme est encore vivace pour les deux victimes de l’agression subie en 2019 à Combani. Ce soir du 14 avril, un couple profite d’un moment d’intimité dans la voiture quand trois braqueur surgissent et ouvrent le véhicule pour les dépouiller. La femme prend la fuite. Prise en chasse par un des agresseurs, elle est violée par ce dernier, toujours en fuite.
L’homme lui subit « l’angoisse de mort imminente » sous la menace des armes blanches des deux voleurs restant. L’un d’eux est « bien connu comme coupeur de route » indique l’avocat Aurore Baudry. L’autre est identifié par la victime. Mieux, il laisse son ADN sur la portière qu’il a ouverte.
Des trois comparses, il était donc le seul à comparaître ce mercredi. Sans reconnaître une once des faits reprochés, malgré les preuves. “Je n’ai jamais traîné avec Magnele” jure-t-il, deux ans après avoir affirmé au juge d’instruction qu’il fournissait le coupeur de routes en chimique. Interrogé sur ce point, il suppose une erreur de traduction commise à l’époque. Ils ont pourtant bien été interpellés ensemble. Qu’importe : l’ancien passeur, par ailleurs poursuivi pour viol en réunion, nie en bloc, et s’attire les foudres du président Ben Kemoun. « Deux ans et demi de détention provisoire ne vous ont pas permis de progresser. Une erreur de traduction c’est une chose, est ce que votre AND sur la voiture, c’est une erreur du laboratoire ? Vous avez été à bout de ma patience, bel effort.”
De l’idylle au cauchemar
Pas de quoi intimider le trentenaire, présenté au tribunal sous bonne escorte. Décrit par le psychiatre comme dénué « d’expression empathique », il tente successivement d’accuser les gendarmes de l’avoir piégé, puis le personnel de la prison de vouloir le « tuer » en lui refusant « des médicaments pour le diabète ». Reste que pour les victimes, terrorisées aux point de refuser de se présenter au procès, c’est un » moment idyllique qui s’est transformé en quelque chose de cauchemardesque. Ce genre d’événements met en péril cet équilibre sociétal, cette idée que quand on est dans la rue sans être armé on n’a pas à craindre pour sa sécurité » déplore le substitut Folliet qui réclame 3 ans ferme.
Le tribunal est, une fois n’est pas coutume, allé bien au delà avec une peine de 5 ans, une interdiction définitive de porter ou détenir une arme, et plus de 6000€de dommages et intérêts.
Y.D.