Ils se font appeler les « Six Boulettes » : un groupe d’amis d’une vingtaine d’années originaires d’Aurec-sur-Loire s’est retrouvé à Mayotte presque par hasard après une série de changements de programme liés à la crise sanitaire. Ils n’ont eu aucun mal à s’y rendre utiles, tout en profitant de l’île, de ses paysages, sa culture et de rencontres mémorables. Ambiance.
Le soleil chauffe déjà le sommet du Mont Choungui quand la petite troupe de 13 personnes en termine l’ascension, ce jeudi midi.
A leur tête, Aïcha Boukir, directrice d’établissement à La Réunion et préfiguratrice de la future antenne mahoraise de l’association Alefpa, « grosse association qui emploie 3000 salariés et qui s’installe à Mayotte depuis une année. « On accueille des adultes polyhandicapés en attendant la création d’une structure à Dembéni on espère pour 2023 » indique-t-elle. Autour d’elle, les Six Boulettes, et autant de jeunes de 11 à 15 ans du Village d’Eva : Shamia, Nancy, Otto, Nordine, Ousseieni et Graziela, 15 ans, qui bien que « fatiguée » en profite de cette première ascension pour échanger avec ses nouveaux amis.
« On raconte ce qui se passe, on parle de la culture, tout ça. C’est une aventure, on va rester amis, les scouts sont très gentils avec nous » assure-t-elle.
L’histoire improbable qui les a réunis mériterait à elle seule d’être contée autour d’un feu de camp avec des brochettes de chamallows.
Du Viet Nam à Mayotte
A l’origine, le groupe de scouts prévoyait de longue date un voyage humanitaire en Viet-Nam, dans un orphelinat. « Malheureusement on s’est vite rendus compte en 2020 que ça allait être compliqué. On s’est réorientés vers La Réunion où on avait des contacts avec l’Alefpa, pour participer au treck et passer du temps dans un IME » relate Mathieu Girerd, porte parole des Six Boulettes.
« On a alors travaillé un projet solidaire avec des travailleurs handicapés, les Nou Court comme Zot, qui ont fait le marathon de New-York ou encore le trail de la Muraille de Chine. On avait comme projet de faire la diagonale des fous en 10 étapes, à partir du 3 août » complète Aïcha Boukir.
Après plusieurs mois de petits boulots et autres ventes de gâteaux pour financer le voyage, tout semblait sur les rails, quand fin juillet la situation sanitaire s’est dégradée à La Réunion. « Du coup dans le groupe, Aurélien a alors eu l’idée d’aller à Mayotte. J’ai contacté le Village d’Eva qui maintient des activités de socialisation comme des rando clean, des randos pédestres ou encore des activités nautiques » poursuit Aïcha Boukir. Le 3 août, les 6 amis et leur intermédiaire réunionnaise se posent à Pamandzi. Un voyage réorienté moins d’une semaine plus tôt.
« On n’a pas ça en métropole. Ca fait du bien ! »
« On s’est lancé dans l’inconnu avec ce projet à Mayotte, car Aïcha avait des liens avec le Village d’Eva, c’était l’occasion d’un projet solidaire qui se déroule donc sur trois semaines » sourit Mathieu Girerd. Depuis leur arrivée, les 6 compagnons n’ont pas eu le temps de s’ennuyer. « On zigzague entre différentes villes. On a fait du bricolage pour le village d’Eva, on a accompagné des enfants dans leur classe, on a fait des bancs pour qu’ils puissent s’asseoir, on a aussi fait de l’accompagnement sur des activités de plage, on a fait une rando clean et on va en faire une autre : le but est de montrer aux enfants que ces déchets, c’est important de les ramasser et que c’est une problématique importante pour que Mayotte soit un peu plus propre ». L’occasion de se rendre utile, mais aussi de découvrir des paysages et une culture qu’ils ne soupçonnaient pas.
« Grâce à Aïcha on essaye aussi de découvrir Mayotte, et ça n’est pas ce qu’on en voit depuis la métropole. On dit que c’est dangereux et sale, ce n’est pas le cas, c’est une très belle île où il y a beaucoup d’initiatives menées. On n’a pas pu trop se renseigner avant donc on a été surpris, on découvre une belle île, les paysages et le mode de vie, c’est un dépaysement énorme, même les modes de transport et le contact avec les autres, c’est un truc de fou, tout le monde est poli et bienveillant, on n’a pas ça en métropole. Ca fait du bien » s’enthousiasme le jeune homme qui promet de « faire de la bonne pub » à son retour.
« Ce voyage va nous donner envie de tenter d’autres choses » prédit-il.
Y.D.