L’aérien est un thème en vogue dans la région, presque au point de supplanter avec bonheur les sujets Covid et pass sanitaire. Alors que ça bouge et ça s’allie entre la compagnie historique et l’occasionnelle, celle qui n’est encore qu’à moitié sortie des cartons tente de se faire une place et un nom. Zena Airlines avait été présentée officiellement à la presse en juin dernier par ses concepteurs, les frères Régis et Julien Novou.
En s’appuyant sur une étude d’Airbus Consulting, ils estimaient que le déficit en offre de transport aérien était réel, surtout si le tourisme prend son envol. Les voyages d’affaire et familiaux en tout cas remplissent les avions. Mais comme le faisait remarquer le président du Conseil économique et social, si le projet est avancé dans sa phase pré-opérationnelle (business plan, certification, statuts), pour consolider le financement de 25 millions d’euros, il manque un appui de taille, celui du Département-presque-Région. A La Réunion, la Région est l’actionnaire principal, via la Sematra. Mais à Mayotte, le conseil départemental n’est sorti de la zone rouge que depuis trois ans, avec une fragilité qui ne permet aucune excentricité.
Le CD inconfortablement assis entre deux compagnies
Pour autant, les frères Novou ne demandent pas la lune, bien que l’astre qualifie aussi les îles de la région. Ils attendent a minima une oreille attentive et encourageante du Département, et non la surdité qui prévalait, et en poussant plus loin, une subvention d’investissement, une prise de participation au capital social de la compagnie et/ou une caution pour l’acquisition des avions.
On n’en est pas encore là, mais une première étape vient d’être franchie avec la rencontre du jour entre les deux frères et le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni. « Des échanges positifs », se réjouit prudemment Julien Novou que nous avons contacté, « nous avons dégrossi les échanges passés, et balisé une méthode de travail. »
Initié par deux mahorais, le projet est populaire sur l’île, ce qui ne peut échapper au Département. Mais ce dernier avait soutenu une partie des études de la compagnie régionalo-réunionnaise Ewa Air (52% de capital détenu par Air Austral, le reste partagé entre la CCI Mayotte et le groupe Issoufali) dont les parts de marché, très prisées par les temps qui courent, pourraient être grignotées par Zena.
Mais Julien Novou l’assure « les portes sont ouvertes » au conseil départemental, il doit rencontrer à nouveau les élus – et on l’espère les techniciens – avec son frère Régis ce jeudi.
Anne Perzo-Lafond