De poussin, il est devenu petit aigle le Centre de Formation et d’Apprentissage (CFA) AP-RUN Formation de La Réunion, qui parraine le 1er UFA (Unité de Formation par Apprentissage) de sport à Mayotte, destiné à devenir plus tard un CFA. C’est le CROS (Comité Régional Olympique et Sportif) qui lance cette structure, un domaine que connaît bien son président Madi Vita, pour manager un CFA à Dzoumogne : « Le Plan de relance de l’apprentissage est l’occasion idéale pour se lancer dans cette voie, la plus appropriée pour garantir un emploi au jeune puisqu’il et obligatoirement en alternance en entreprise. »
Nous avons de nombreuses fois évoqué ce Plan de relance de l’apprentissage du gouvernement, qui permet à l’employeur de bénéficier d’aides exceptionnelles lors du recrutement d’un jeune, de 5.000 euros pour les mineurs à 8.000 euros pour les majeurs. Des aides qui prennent officiellement fin au 31 décembre 2021, mais que tout le monde espère voir pérenniser au regard de leur efficacité, « le taux d’insertion en emploi est supérieur à 80% et grâce à l’UFA et aux mesures dédiées, nous comptons faire encore mieux », ambitionne Philippe Lemoine, directeur du CROS Mayotte, qui aura juste eu le temps de lancer le dispositif avant de quitte l’île pour d’autres aventures.
C’est donc piloté par deux femmes, Véronique Lagourgue et Morgane Orriera, respectivement présidente et directrice d’AP-RUN, que le CROS Mayotte lance son futur CFA, par une convention signée ce vendredi. La première fixe les grandes lignes qui se résument en un verbe, « Innovez ! ». Elle revient à la genèse de leur Centre : « Nous avions comme vous des jeunes doués en sport, mais que nous n’arrivions pas à insérer en emploi, notamment dans leurs clubs. C’était il y a 5 ans, nous avons commencé modeste avec 10 jeunes en apprentissage, et aujourd’hui, nous sommes fiers d’en avoir formé 300 en 5 ans. Avec le CFA, nous formons des jeunes pas pour les envoyer au chômage, mais en leur garantissant un emploi dans la structure qui les emploie. C’est réjouissant ! Mais pour cela, n’ayez pas peur d’innover ! Notre poussin s’est transformé en bébé aigle, notamment grâce à l’idée de Morgane Orriera d’un module de formation, le ‘Coach sportif numérique’. Pour lequel nous avons été récompensé par la Fondation ‘la France s’engage’ en 2020, et qui permettra aux apprenants sport et animation de Mayotte d’obtenir la certification Cléa Numérique, et ce dès le 3ème trimestre 2022. »
Ne pas dévoyer le système
A l’instar de La Réunion, Mayotte commence à petite échelle avec un apprenti, future recrue du Comité de rugby, et avec des visées de développement dans des secteurs appropriés à l’île, « nous espérons lancer des formation à la plongée et aux Activités de la forme (fitness). Les structures qui y travaillent sont intéressées par le recrutement d’apprentis ».
Pascal Potrick, Chargé de la formation et de l’emploi à la DRAJES (ex-direction de la Jeunesse et des Sports) évoquait également des crédits disponibles à l’Agence nationale du Sport pour accompagner les apprentis.
Véronique Lagourgue en profitait pour lancer une mise en garde, « attention à ne pas tomber dans le piège d’un recrutement d’employés à bas coût pour les entreprises en bénéficiant de subventions. Il s’agit de donner aux jeunes des possibilités d’avenir, en collant à la motivation des chefs d’entreprises. »
Pour que ça marche sur un territoire où peu d’associations ont les reins assez solide pour fournir une coparticipation, deux solutions, évoque Philippe Lemoine : « Soit plusieurs associations ou communes s’allient, soit le jeune bénéficie d’une multi-qualification pour être employé sur plusieurs supports dans une même structure. » Une idée pour les 4 premiers Offices municipaux du Sport de Mayotte, deux en Petite Terre, un à Tsingoni, et un à la 3CO, qui ont « énormément de demandes en matière d’emplois. »
Anne Perzo-Lafond