C’est une grande figure de Mayotte qui vient de s’éteindre à 94 ans. Marcel Henry avait été élu sénateur en 1977, et réélu deux fois ensuite au sein du groupe Union Centriste, c’est assez rare pour le souligner. Ses mandats avaient pris fin en 2004, puisqu’il n’avait pas souhaité se représenter.
Il avait fondé le MPM, Mouvement populaire mahorais, qui à la suite d’une division avec Younoussa Bamana en 1999, aura donné naissance au MDM, Mouvement Départementaliste Mahorais, qu’il avait fondé avec Henry Jean-Baptiste.
Ses compagnons de route s’appelaient aussi Adrien Giraud, qui lui a succédé au Sénat, Henry Jean-Baptiste, le député UDF ou Jean-François Hory, ancien député également, ainsi que Zoubert Adinani.
Marcel Henry était présent le 30 mars 2011 dans l’hémicycle lorsque Mayotte devenait département, « je me devais d’être là », nous avait-il indiqué, alors que nous immortalisions le moment. Le loupé du vote reportant la fête de quelques jours, n’avait pas douché les enthousiasmes.
Il avait notamment été un soutien de poids du sénateur Thani Mohamed Soilihi lors des sénatoriales de 2017. Ce dernier nous envoie son témoignage : » C’est avec le cœur lourd, une grande tristesse que j’ai appris le décès de notre Sénateur honoraire Marcel Henry. Cet infatigable combattant de Mayotte Française s’est illustré aux côtés de ses frères et sœurs Sorodats pour l’honneur et la liberté des Mahorais. Fondateur de la SMART, il a, par cet outil, donné le travail nécessaire à l’émancipation, à la dignité et fait la fierté d’un peuple. J’adresse toutes mes condoléances à sa famille. Sorodat de Mayotte, ton peuple t’est reconnaissant, repose en paix. »
En réaction à la nouvelle de son décès, le président Ben Issa Ousseni parle d’un « symbole en cette année anniversaire de la départementalisation. Grande est donc l’émotion collective. Mayotte pleure un père, une des grandes figures de la Révolution à la Mahoraise. En mon nom personnel, au nom des élus du Conseil départemental et au nom de la population, je tiens à présenter mes condoléances attristées à sa famille et à ses proches».
L’ancien préfet Yves Bonnet qui était la semaine dernière encore à Mayotte, a tenu à livrer son témoignage : « Rarement homme public aura à ce point marqué l’histoire de sa région, voire de la nation. Marcel Henry est de ces Français qui honorent notre patrie commune et qui ont contribué au bonheur de leurs proches et contemporains. Alors que la France hésitait et prêtait une oreille complaisante aux sirènes d’une fausse indépendance comorienne synonyme d’asservissement et de paupérisation, quelques Français courageux et déterminés qu’il conduisait ont résolu de ne pas confondre foucades et inéluctable et se sont battus pour que ce morceau de France dans l’Océan Indien reste lui-même c’est à dire français.
La départementalisation a fait le reste et si aujourd’hui la France peut afficher sa fierté c’est bien d’avoir réintégré Mayotte dans notre espace national et d’en faire un exemple de développement et de fraternité. Quant à nous qui fûmes partie à cette réussite, nous disons clairement notre propre fierté de ce que notre patrie a fait ici. »
Le député européen Younous Omarjee salue « l’une des figures historiques du long combat des Mahoraises et des Mahorais pour la départementalisation. Pour l’Egalité des droits dans le respect des traditions ancestrales mahoraises. Homme sage, bienveillant, profondément attaché à sa terre de Mayotte et à la République, il demeurait pour toutes et tous dans l’île une référence solide et un ancrage puissant. Aujourd’hui, c’est tout Mayotte et les amis de Mayotte qui sommes en deuil. »
Le Président de l’Association des Maires de Mayotte, Madi Madi Souf, au nom de ses collègues maires de Mayotte et présidents d’intercommunalités, évoque « un grand serviteur de l’Etat, 27 ans d’action parlementaire, un grand combattant, pour la cause de Mayotte », et demande « que sa mémoire soit célébré avec les honneurs de la République, homme du peuple, homme d’Etat qu’il fut ».
L’ancien conseiller départemental MDM Issa Issa Abdou livre deux souvenirs qui permettent de cerner le personnage: « Je présente mes condoléances à sa famille, et souhaite souligner que lui, le nom musulman, s’est rendu au zawiya de Sada (Mosquée) pour le fameux serment (yamini) pour jurer sur le coran avec les autres Bamana, Zoubert Adinani et les autres pour que Mayotte reste française à jamais ». Autre moment fort: » en 2000 les accords de Matignon sont signés sous Jospin pour que Mayotte soit collectivité départementale pour 10 ans le temps de rattraper son retard lié à l’état civil et sur le foncier, lui voulait un département mhakaka, tout de suite. Marcel henry entre au panthéon des grands serviteurs de ce territoire. »
La famille Bamana adresse un communiqué commun pour présenter ses « sincères condoléances » à la famille Henry, « ainsi qu’à l’ensemble de la population mahoraise dont nous connaissons l’attachement envers l’un des plus illustres initiateurs du combat pour la départementalisation de Mayotte et pour encrage pérenne dans la France ».
Adressant ses condoléances à ses proches, le préfet Thierry Suquet évoque une « véritable figure de la vie politique mahoraise, ses actions ont marqué profondément l’histoire du territoire. Nous lui devons le combat pour Mayotte Française. Nous lui devons son engagement pour le départementalisation de Mayotte et le développement du territoire. Il a été l’un des fondateurs du mouvement populaire pour Mayotte. Il était membre de la « Force de l’Alternance », un courant du Mouvement départementaliste mahorais. »
Pour Daniel Zaïdani, conseiller départemental MDM de Pamandzi, c’est la disparition « d’un grand homme politique qui n’a jamais transigé avec ses valeurs en défendant inlassablement sa vision de Mayotte Française. Avec sagesse et clairvoyance, aussi bien en tant que président du MDM qu’en qualité de premier Soroda, il a grandement contribué au maintien de Mayotte dans la France et au développement de notre département. Courageux, Humaniste, visionnaire, rassembleur, Marcel HENRY s’est toujours distingué pour sa disponibilité envers son prochain. C’est pourquoi en ma qualité d’élu MDM, je tenais à honorer sa mémoire pour nous avoir légué en héritage ses idéaux. Sa détermination exemplaire inspire aujourd’hui chacun de nos pas. »
Mansour Kamardine quant à lui, formule « le vœu que son engagement sans faille pendant plus de 50 ans, du serment de Sada en 1967 à la départementalisation en 2011, pour le respect du libre choix des Mahorais de demeurer dans la France et pour l’accès au statut de départemental, guident le pas des jeunes générations ! Je réitère auprès du gouvernement, notamment auprès de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer actuellement présent à Mayotte, ma demande que le sénateur Marcel Henry fasse partie des « héros nationaux » issue des Outre-mer et de la diversité dont la liste est en cours d’élaboration. »
La délégation ministérielle actuellement à Mayotte a respecté une minute de silence en la mémoire du sénateur à leur arrivée à Ouangani.
A.P-L.