La Santé malade à Mayotte

Alors que ce lundi est consacré à une séquence santé pour Sébastien Lecornu, les acteurs de la santé font remonter des informations préoccupantes. Les urgences au bloc opératoire pourraient ne plus être assurées faute d’infirmiers spécialisés, alertent les professionnels. Les syndicats aux aussi évoquent l’insuffisance de médecins, notamment spécialistes, et réclament une plus grande implication des élus dans le système de santé local.

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CHM, Mayotte
De nombreux services sont en souffrance

Le diagnostic n’est pas bon. Professionnels et syndicats sont unanimes et interpellent le ministre des Outre-mer sur l’accès aux soins à Mayotte. Pas sur le mode national où les déserts médicaux se font jour depuis ces dernières années, mais sur des services cruciaux comme le bloc opératoire. Nous apprenons de la part des professionnels du CHM eux-mêmes que sa survie est menacée, « le manque actuel d’infirmiers anesthésistes et le prévisionnel d’infirmiers de bloc opératoire nous oblige à fermer le Bloc Central pour le mois de septembre et octobre 2021, afin de préserver une équipe paramédicale pour la maternité et les urgences obstétricales », alertent-ils dans un courrier, « Une situation qui amène à faire appel à la réserve sanitaire sur un service basique et non en tension au regard d’une épidémie Covid qui nous épargne pour le moment. Les patients vont devoir être transférés vers La Réunion ou la métropole ».

De leurs côtés, les syndicats CFDT Santé sociaux, CFE CGC et CFTC Santé sociaux, alertent sur des délais d’attente « déraisonnables » pour les rendez-vous avec les spécialistes en ORL, Ophtalmologie, Gastrologie, Gynécologie, etc. Ils évoquent eux aussi dans un courrier aux élus de Mayotte, la fermeture de 4 salles sur 7 du bloc opératoire. En pointant une « surpopulation de 180% », « régulièrement des patients passent la nuit sur des brancards faute de lit pour les installer dignement ». Un contexte qui ne permet pas d’exercer sereinement pour les professionnels.

CHM, Mayotte
Des patients en attente dans les couloirs, et ça date !

Quelle planification des besoins en santé ?

L’intersyndicale émet la demande de classer le CHM en « hôpital de proximité ». Cela lui permettrait en travaillant notamment sur la prévention, de  garantir l’accès local aux soins de la population et la fluidité des parcours de soins, notamment pour les pathologies chroniques, et de bénéficier d’un financement dérogatoire permettant à la fois de sécuriser leur activité de médecine et de soutenir leurs missions élargies.

Ils demandent par ailleurs que soit rendu public la planification des besoins en santé et des formation en professionnels médicaux et paramédicaux, élaborée en concertation avec les acteurs locaux comme le demande à l’ARS une circulaire du ministre de la Santé et de la Direction générale de l’offre de soins du 14 octobre 2020.

Si Dominique Voynet a annoncé l’évolution positive du dossier du 2ème hôpital, des travaux sont programmés dans l’actuel CHM, « et doivent débuter en septembre 2021 » rappellent les soignants qui demandent qu’un point soit fait.

En conclusion, ils demandent aux élus du territoire, nationaux, départementaux et communaux, d’œuvrer en faveur d’une meilleure « concertation entre les acteurs de la santé des Mahorais et les forces vives du territoire ».

Un SOS lancé par les acteurs de santé alors que doit être inauguré le SSR Martial Henry en Petite Terre ce mardi.

Anne Perzo-Lafond

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