La rencontre réunissait Madi Madi Souf, le président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM), les maires de Mtsamboro, d’Acoua, de Ouangani et de Koungou, à la Maison France Service de Combani, en présence du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, de représentants du Conseil départemental, de la gendarmerie, du rectorat, de la commune de Tsingoni et des associations de la commune. Avec un objectif : chercher des solutions au sujet des violences qui opposent deux villages de la même commune : Combani et Mirereni. Mais aussi, de saisir cette occasion pour soulever devant tous ces partenaires, la problématique globale de la violence qui touche pratiquement toutes les communes de Mayotte. « La peur est permanente et touche tout le monde. Tout Tsingoni comme toute l’île, est traumatisée », rapportent les maires dans un communiqué.
Le constat est le suivant : « Depuis dimanche, la vie est difficile dans la commune de Tsingoni. Tout le monde est concerné, chacun à son niveau, depuis les parents jusqu’à l’Etat. Nous avons souvent affaire à des mineurs et à des voyous venus d’autres communes, venus en renfort, en format mercenaires. Il ne s’agit pas seulement d’un conflit opposant des mineurs des deux villages, nous avons aussi affaire à un malaise profond et très ancien concernant la rivalité de deux villages. » Et plus largement, à l’échelle du territoire, « il faut traiter chaque cas, chaque territoire communal, un à un, même si le problème de la violence concerne toute l’île. »
Où se situent les parents ?
Après deux heures de réunion, quelques décisions ont été prises, même si elles semblent peu convaincre les édiles. « Des solutions seraient trouvées concernant le lycée de Kahani, et le RSMA de Combani, souvent source de beaucoup de problèmes d’agressions. Nous devons par exemple repenser le mode de transport des élèves du RSMA. Les maires ont pris l’engagement de réactiver les CLSPD même s’ils jugent que la réponse pour ce niveau de violence dépasse les frontières du CLSPD. »
Le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance permet aux acteurs détenteurs d’informations sur les jeunes ou sur une difficulté particulière, de la partager, alors qu’ils ne travaillent habituellement pas ensemble. Mais ces CLSPD sont toujours réactivés a posteriori, quand les violences ont eu lieu, alors qu’il s’agit d’un dispositif de prévention. Il faut absolument que les maires les imposent à des dates régulières.
La problématique de la réponse judiciaire a été évoquée, les maires considérant cette justice « en sous effectifs avec des places en prison insuffisantes notamment pour le public jeune. La réponse judiciaire doit aussi être rapide en même temps que l’augmentation des effectifs de police et de gendarmerie. »
Pour les élus, « la question de la violence et de l’insécurité à Mayotte doit être traitée maintenant, l’urgence est là, avec le concours de tout le monde, chacun mis devant ses responsabilités, sans oublier de préparer le moyen et le long terme et cela collectivement avec des moyens et une réponse adaptée à une réalité de plus en plus pesante. »
Il n’est pas mentionné de travail avec les adultes, parents, référents parentaux, dont certains, a minima ont pu montrer l’exemple en érigeant eux-mêmes des barrages, et a maxima, encouragent les jeunes à s’affronter dans le cadre d’une rivalité entre les deux villages dont il va falloir remonter le fil d’Ariane.
La conclusion est connue, « la peur doit désormais changer de camp », les fauteurs de trouble n’en sont pas encore persuadés…
A.P-L.