Vous connaissiez le Pass sanitair, vous allez entendre parler du Pass’Sport ! Bon de réduction pour l’inscription des jeunes dans le club de leur choix, il est un des outils du vaste Plan de relance du sport, doté nationalement de 122 millions d’euros, lui-même intégré dans le France relance post crise sanitaire. Des périodes de confinement en 2020 où les salles de sport ont été parmi les dernières à rouvrir, les fédérations et associations sportives ont ainsi perdu environ 30% de licenciés.
Mayotte a bénéficié de prés de 250.000 euros de Fonds de solidarité, à destination des clubs et associations en difficulté. L’objectif est de former les encadrants et de favoriser l’emploi dans le sport, aider à la création et au développement des petites associations, d’apporter un accompagnement numérique et d’entretenir et réhabiliter des équipements sportifs. Ce dernier point est vital à Mayotte. Les gymnases jadis flambants neufs sont délabrés, pour ne parler que de celui de Kavani, les plateaux ne sont pas entretenus. Un gros travail est à mener. Dernier axe de ce bol d’oxygène, le sport plaisir avec 30 minutes d’activité physique quotidienne dans les écoles du premier degré, et mettre l’accent sur la natation, « tous les enfants d’une même tranche d’âge bénéficieront d’une initiation à la natation cette année », annonce le recteur Gilles Halbout.
S’il était le grand ordonnateur de la communication sur le sport, c’est que le rectorat a récupéré depuis le 1er janvier la partie sport de la DJSCS, désormais Délégation régionale académique à la Jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES). « Nous pouvons ainsi travailler sur ce qui se fait dans les établissements et à l’extérieur, c’est la continuité éducative ». Des jumelages vont se faire entre écoles et clubs sportifs.
La piscine de Kawéni sur les rails
Pour inciter les jeunes à faire du sport en club, un Pass’Sport leur permettra de bénéficier de 50 euros de réduction lors de leur inscription. « 25.000 jeunes de l’île l’ont reçu par courrier pendant les vacances. » Les bénéficiaires sont les familles percevant l’allocation de rentrée scolaire ou d’enfant handicapé. Papier en main, ils doivent se rendre auprès d’un club qui doit s’inscrire sur une plateforme numérique où lui sera reversée la somme. A Mayotte où peu de clubs font payer une cotisation au regard du faible pouvoir d’achat de la population, c’est un moyen de soutenir ces associations, « elles ne tiennent que par le bénévolat », rappelait Madeleine Delaperrière, directrice de la DRAJES.
Adoptant le mode d’expression des jeunes, l’opération « C’est trop bon de faire du sport en club », a bon espoir de les inciter à la pratique du sport structurée. Ils sont 300 clubs à Mayotte et 30.000 licenciés, rapporte Tostao Ahmada, Vice-président du CROS (Comité Régional Olympique et Sportif), « et le sport peut amener à un métier, telle Naoulati qui a passé son BP JEPS, et travaille au comité UFOLEP de Mayotte ».
C’est bien d’attirer les jeunes vers les clubs, mais sans infrastructures, ils ne vont pas aller bien loin, et elles font défaut sur le territoire. « La création de l’Agence Nationale du Sport en 2019 en France, permet de bénéficier d’interventions sur les équipements sportifs et sur les emplois, il y a eu 40 emplois aidés recrutés en 2020 à Mayotte. » En matière d’équipements, le focus est fait sur les piscines et les bases nautiques. Ces dernières devraient voir le jour d’ici un an, selon Gilles Halbout, « le rectorat va installer des petites constructions, 12 sont prévues, de stockage de matériel, pour les personnes intéressées par les activités nautiques sur le lagon. Les investissements sont sécurisés, il reste à signer les Autorisation d’occupation temporaire avec les communes. Et après l’école, elles pourront servir à des associations. »
Si le projet de la piscine départementale de Kawéni est lancé ZI Nel, d’autres sont en réflexion avec les communes, « nous avons clarifié les crédits d’investissement, mais il faut sécuriser l’entretien et s’assurer d’un personnel qualifié, en maitres nageurs sauveteurs notamment. Ce sont des projets sur plusieurs années. »
Les jeunes de 6 à 18 ans sont ciblés, une opportunité de se défouler dans le sport plutôt que de pratiquer le jeter de caillou… Le Pass’Sport, c’est enfin un projet familial qui incite à déplacer les parents avec le jeune lors de l’inscription.
Anne Perzo-Lafond