Vers 21h ce lundi soir, trois véhicules garés sur le parking de la mairie de Koungou étaient incendiés, avec l’intention manifeste que le feu se propage au bâtiment, une des représentations de la République. Un peu plus tôt, c’était le poste de police municipale qui était la proie des flammes.
Au cours de la nuit, la gendarmerie a interpellé trois individus pour des caillassages, « sans rapport direct avec l’incendie », nous indique-t-on.
Dans l’ordre d’apparition, c’est le député Mansour Kamardine qui le premier a condamné l’incendie, « Face à la violence barbare et aux incendies volontaires de la mairie et de la police municipale de Koungou, suite au début des opérations de reconquête du quartier Carobolé, j’en appelle à la plus grande fermeté et une détermination sans faille. »
Autre élu, le conseiller départemental de Pamandzi et ancien président du département, Daniel Zaidani, s’adresse au représentant de l’Etat à Mayotte, « Monsieur le Préfet de Mayotte, ces scènes de guerre quotidiennes sur nos routes, dans nos villes, dans nos quartiers sont intolérables. Il est grand temps que le gouvernement se saisisse des violences commises à l’encontre des Mahorais. Nous vous demandons pour une énième fois de garantir le pacte sécuritaire sur le 101ème Département. Stop à l’impunité des délinquants et stop à la faiblesse dont fait preuve les autorités à Mayotte. »
Pour l’Association des maires de Mayotte, à travers ce double incendie, « c’est la France qui est ici visée, c’est Mayotte que certains, qui refusent un État de droit, essaient de déstabiliser (…) Nous demandons au gouvernement représenté ici par le Préfet, de tout faire pour ramener le calme tout en assurant la sécurité des Mahorais. Tous les Maires soutiendront l’Etat dans ses actions visant à faire appliquer l’Etat de droit. Les fauteurs de trouble doivent être identifiés, interpellés et mis hors d’état de nuire. »
Sur sa page Facebook, le ministre des Outre-mer « condamne les actes de violences » : « Les forces de sécurité sont déterminées à rétablir l’ordre. J’assure au maire et à ses équipes tout mon soutien. Nous continuerons à lutter contre l’habitat illégal malgré ces actions. »
« A Mayotte, l’autorité de l’Etat est défiée en permanence »
Le président des LR de Mayotte, également maire de Tsingoni, commune où des affrontements entre bandes perturbent le quotidien des habitants depuis un an, élargit la problématique : « A Mayotte, l’autorité de l’Etat est défiée en permanence. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement au centre de l’île où règne un climat d’insécurité depuis plusieurs mois. Les populations sont à bout de souffle. Ils font l’objet d’attaques et terreurs quotidiens. Leurs biens sont saccagés ou pillés (…) Agir pour enfin sécuriser Mayotte et mettre fin à ces ‘no-go-zone’ qui se multiplient et qui mettent à feu et à sang le Département de Mayotte voilà la boussole qui doit orienter l’action du chef de l’Etat. »
« C’est notre république qui est mise à terre », accuse le Rassemblement National, « quand les Ministres Lecornu, Darmanin et Dupond-Moretti comprendront la souffrance des Mahorais ? »
Pour Soula Saïd Souffou, président du mouvement « Le Temps d’agir », « S’attaquer aussi violemment à la république et à ses symboles dans la commune de Koungou revient à déclarer ouvertement la guerre à la France (…) L’État doit écouter davantage les élus locaux et consacrer davantage de moyens à la sécurisation de nos frontières et à la reconquête de la sécurité de notre territoire. »
Les deux Collectifs des citoyens ont aussi condamnés les faits. Celui d’Estelle Youssouffa, qui « constate la vacuité absolue des engagements des ministres Darmanin et Lecornu, Mayotte » présents il y a un mois à Mayotte, et « Face au climat insurrectionnel dans l’île », réclame « l’état d’urgence à Mayotte et l’envoi de renforts pour ramener l’ordre public. »
Celui de « Mayotte en SousFrance » dénonce un département qui s’est transformé en « prison à ciel ouvert à 1800km de Paris », et interroge, « quand l’état dira stop et mettra les moyens qu’il faut tant au niveau humain, judiciaire etc. pour permettre aux mahorais de vivre en paix, que nos enfants puissent aller à l’école en paix ? »
A. P-L.