Ce mardi, à peine ouverte, la séance plénière du conseil départemental était momentanément suspendue par son président Ben Issa Ousseni, qui souhaitait donner la parole à des « invitées » surprise. Un collectif de 6 habitantes de Combani exposait les souffrances du village, privé d’eau depuis le 28 septembre, un des dégâts du conflit entre ces deux villages : « La vanne qui alimente Combani se trouve dans le village de Mirereni. Je pose la question, ces habitants ont-ils le droit de toucher aux vannes ?! Ils nous ont saccagé nos compteurs. J’ai accouché il y a 7 jours, et je suis quand même là ce matin pour vous dire notre souffrance », exposaient celle qui menait la délégation aux conseillers départementaux. Une situation sanitaire gravissime pour la maman et le nourrisson.
Les autorités ne sont jusque là par restées sans rien faire, puis que le président Ben Issa Ousseni s’est rendu sur place, le préfet également, avec l’implication entière de Rafza Youssouf Ali, la présidente de l’union départementale de la confédération syndicale des familles, qui a failli porter ses fruits ce lundi soir.
Dent pour dent, et c’est le Sud qui va trinquer
Les élus ayant conscience que la solution est entre les mains des deux populations qui doivent enterrer la hache de guerre – qui le premier ?-, intervenaient sans prise de position pour l’un ou l’autre camp. « La SMAE doit tout mettre en œuvre pour assurer le service public », indiquait le conseiller départemental de Sada Mansour Kamardine, qui mettait en garde contre la mise en cause systématique des élus, « essayons de nous mobiliser sans nous diviser. » Il indique rencontrer le préfet ce mardi.
Son collègue de Mtsamboro et homonyme, Abdoul Kamardine, s’étonnait que « les installations de la SMAE ne soient pas sécurisées », et que « les conflits intervillages puissent en arriver là, « demain ce sera quoi ? On ne pourra plus boire l’eau du robinet ?! »
Si la délégation de femmes s’indignait des méthodes exercées par les habitants du village ennemi, elles annonçaient utiliser les mêmes armes, « Si d’ici demain on n’a pas d’eau, ce sera toute la population du Sud qui sera privée d’eau car nous avons des vannes de notre côté. »
Bien que la défiance envers le suivi des plaintes soit forte dans la population, le recours au tribunal peut être décisif dans ce cas, l’accès aux services d’eau potable et d’assainissement constituant un droit. Les exploitants ont d’autre part l’obligation de veiller à la préservation de la sécurité sanitaire.
Anne Perzo-Lafond