Avec plus de 100 millions d’euros mis sur la table, l’argent coule à flots pour la communauté de communes de Petite Terre (CCPT). De l’argent de l’Etat versé dans le cadre du « Contrat de Relance et de Transition Ecologique » de la CCPT.
Il s’agit du « premier contrat » pour Mayotte. Cette « très grosse somme » reste à être « mise en œuvre » indique le préfet qui évoque une « méthode largement éprouvée » et un « programme que nous partageons ». Un programme qui reste néanmoins vague à ce stade. « Les grandes orientations sont à finaliser dans le contrat lui-même, on met en place un programme d’équipements qui consiste à verdir, c’est à dire qu’il s’inscrit dans une logique de développement durable, avec des équipements compatibles avec la préservation de l’environnement, la biodiversité et la qualité de vie à l’avenir, en tenant compte du réchauffement climatique et de l’érosion du littoral ».
L’idée après cette première signature sera que « le contrat signé avec Petite Terre soit suivi par d’autres » sur le territoire.
Et si le détail des chantiers qui seront menés reste à définir point par point, la seule certitude est qu’ils seront créateurs d’emplois pour Petite Terre.
« L’objectif c’est qu’on ait du développement, des services à la population et une vision globale du territoire. Dans le développement il y a de la création d’emploi. On n’en est pas encore tout à fait là puisqu’on a signé un protocole d’intention, qui définit la méthode et les grandes catégories d’action » répète le préfet.
Des aides tous azimut pour développer la Petite Terre durablement
Ces grandes catégories donnent toutefois une orientation. Dans le document signé, qui devra être complété en décembre par des projets plus concrets, les plus de 100 millions d’euros font la part belle au logement et à l’environnement, mais pas que.
Plus 6 millions seraient ainsi consacrés à la lutte contre l’érosion, plus de 800 000€ seraient destinés directement aux ménages pour les aider à acquérir des équipements « performants ». L’éco-parc des Badamiers pèserait plus de 16 millions d’euros quand 8 autres millions seraient destinés à une médiathèque intercommunale. C’est à peine plus que le budget prévu pour l’extension future de la mairie de Dzaoudzi Labattoir, inscrite elle aussi dans le document pour quelque 7 millions d’euros. 6,8 millions pour la fibre optique, 12 millions pour les eaux pluviales, 9 millions pour le renouvellement urbain de La Vigie, presque 2 millions d’euros pour l’éclairage public etc. Au final, ce sont 49 actions qui sont détaillées dans le document, dont plus de 20% du budget serait consacré à l’urbanisme, notamment à La Vigie, et à la lutte contre l’habitat insalubre. Saïd Omar Oili évoque lui jusqu’à 80 projets, dont certains sont « matures » « comme le haut débit, l’éradication des bidonvilles, la formation des jeunes ».
Selon le président de l’interco, ce contrat avec l’Etat donne un cadre nouveau pour des défis latents.
Un « logement digne » pour chacun en 2026
Avant, à Mayotte il n’y avait pas de cohérence entre les partenaires, ce contrat nous donne la visibilité et la cohérence pour mener des projets structurants. Souvent les services sont en Grande Terre, l’idée est d’avoir l’ensemble des services en Petite Terre, ce qui va dans le sens du droit commun. Nous avons pour ambition de faire de la Petite Terre la pépite de Mayotte. Nous avons aussi la pauvreté, si nous n ‘arrivons pas à trouver des solutions contre la pauvreté, il serait illusoire se dire qu’on va lancer des actions de protection de l’environnement. La pauvreté fait que parfois on a du mal à préserver nos petites forêts, car les gens n’ont pas de logement dont ils défrichent et vont y faire leur petit banga. Il faut que d’ici 6 ans, chaque personne vivant en Petite Terre puisse avoir un logement digne. Si nous voulons faire une transition écologique, il faut éviter que les gens déboisent et donc il faut du logement ».
Le tout « de façon durable » insiste l’élu, soucieux de délimiter « ce qui est possible de faire, et ce qui n’est pas faisable ». Car « évidemment il y a le problème du foncier, mais il va falloir changer nos modes de vie. On commence à construire des logements en hauteur, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. »
Sans oublier le développement futur. « La piste longue, si elle est là, il faudra bien offrir des services aux entreprises qui voudront s’installer ici. C’est une vision d’ensemble de la Petite Terre. »
Y.D.