"Ce n'est pas comme ça qu'on élève un enfant"

Un adolescent régulièrement "corrigé" à coups de câbles et de fil de fer a porté plainte contre sa mère, qui a été condamnée à 1 an de prison avec sursis.

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Le code pénal , clé de voûte des décisions judiciaires

Assis au premier rang du tribunal correctionnel de Mamoudzou, l’adolescent de 14 ans ne souhaite pas parler publiquement. Après avoir fait la démarche de porter plainte contre sa mère, il laisse son avocate parler pour lui.
Selon son audition au commissariat, sa mère avait « l’habitude de me corriger, elle prend des fils de fer et me frappe sur tout le corps ».
Des punitions musclées pour toutes sortes de motifs. Un devoir pas fait, une vaisselle pas faite, lorsqu’il rentrait trop tard etc. Lorsque l’enfant revient du commissariat, sa mère est alors persuadée qu’il y était en garde à vue. Elle charge un cousin de « prendre un câble électrique et de frapper avec ». Les trois magistrats constatent, consternés, les photos prises par les enquêteurs. Elles montrent de profondes traces de coups.
Le père de l’ado est d’abord entendu. Lui dit n’avoir constaté que « des gifles mais pas de grosses violences ». La mère, absente à la barre, assume devant les policiers. « J’ai autorisé Ibrahim  (son cousin) à le corriger à coups de fouet ». Des violences qui avaient pour but de faire dire au garçon qu’il venait de porter plainte contre sa mère.
Elle assure tout autant ses propres coups et tient des propos non moins violents. « Il ne fait que des bêtises, je ne regrette pas ce que j’ai fait, il le mérite. Soit la justice le garde, soit je le renvoie aux Comores chez ma mère. Là bas ce ne sera pas un délinquant ».
Le garçon victime est en effet arrivé de Mohéli il y a deux ans pour faire soigner un problème respiratoire. Son cousin lui, y est retourné et a échappé ainsi aux poursuites judiciaires à Mayotte.

Le procureur Rieu avait requis la déchéance de l’autorité parentale

L’enfant est alors placé dans une première famille d’accueil pendant l’enquête. Mais son nouveau tuteur, famille d’accueil de l’aide sociale à l’enfance (ASE), estime que « sa mère avait raison car un enfant doit obéir à sa mère ».
Il est désormais dans un nouveau foyer.
A la barre, l’avocate de la partie civile trouve la situation « profondément triste ». « Il m’a dit qu’il aimerait que sa mère le pardonne. Il est normal qu’entre une mère et son fils, il y ait des désaccords, mais en aucun cas ces désaccords ne justifient de prendre un fil de fer pour frapper avec. On n’avait pas à lui faire ça, on n’est pas dans le cadre d’une petite fessée, il y a des traces physiques mais aussi psychologiques. On peut s’interroger sur la façon dont il se comportera quand il sera père, il faut donc lui dire qu’il a eu raison de porter plainte. »
Une position soutenue par le procureur Rieu. « Ce n’est pas comme ça qu’on élève un enfant, la meilleure preuve, c’est que ça ne donne aucun résultat. On frappe, ça ne marche pas, alors on frappe encore. La mère est dans la fuite de ses responsabilités, de ses devoirs envers son enfant ».
Il réclame 1 an de prison avec sursis et la déchéance de l’autorité parentale.
Une réquisition à moitié suivie par les juges qui laissent à la mère son autorité parentale, mais avec 12 mois de détention au dessus de la tête.
Y.D.

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