Le magnégné électoral

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Avant les enseignements politiques, une première évidence saute au yeux : le processus électoral à Mayotte est encore loin de la maturité. Le premier tour des élections municipales de ce dimanche 23 mars a été perturbé par des incidents et une organisation parfois approximative dans de nombreuses communes. 

Bulletins de vote après le dépouillementQuelles que soient les communes, l’ambiance des bureaux de vote à Mayotte étaient bien souvent éloignée des standards républicains, en ce premier tour des élections municipales. Une canette d’Orangina et un téléphone portable posés sur l’urne par ici, un bout de drap trop court tendu dans un coin du bureau de vote qui fait office d’isoloir par là, des gens bruyants qui plaisantent, entrent, puis sortent, et finalement reviennent, tout en téléphonant… la sérénité et la solennité du vote était dans bien d’endroits un lointain concept.

L’organisation des bureaux de vote est également sujette à caution. Beaucoup de communes n’avait édité qu’un seul listing pour vérifier l’inscription sur les listes des électeurs qui se présentaient. Les files d’attente pouvaient donc s’allonger d’autant que ces fichiers n’étaient pas tous organisés par ordre alphabétique. La conséquence, des esprits qui s’échauffent : une bagarre qui éclate à Bandrélé, un bureau envahi à 18 heures par une cinquantaine de personnes qui n’ont pu voter dans les temps alors qu’ils attendaient à l’extérieur à Hamjago…

Un bureau qui tombe en panne de bulletins de vote, un autre qui ouvre avec 20 minutes de retard et donc ferme ses portes une vingtaine de minutes après la clôture officielle du scrutin… les anormalités sont légion y compris dans la gestion des procurations. Un agent de municipal d’une commune du sud photographiait par exemple ces imprimés avec son téléphone portable sans que cela ait réellement une utilité dans le processus électoral.

Les radiations très nombreuses

La vérification de l’identité des votants a également posé problème. C’est à nouveau l’état civil qui a joué des tours à des électeurs : il suffisait que le nom porté sur la carte d’identité ait été changé sans que les modifications soient rapportées sur les listes, et il était impossible de voter.

Enfin, ce sont les nettoyages des listes électorales qui ont également posé de nombreux problèmes. Les tribunaux de Mamoudzou et Sada ont eu à procéder à un nombre de réinscriptions inédit tout au long de cette journée électorale. Les chiffres précis devraient être connus ce lundi.

Au final, il semble évident, à l’issue de ce premier tour des municipales, que l’organisation de l’ensemble du processus électoral à Mayotte est encore très largement perfectible.
RR