Ce séminaire organisé par BGE Mayotte à travers son dispositif local d’accompagnement, prenait place dans le cadre du mois de l’Economie sociale et solidaire et avait pour double but de sensibiliser les associations sportives sur leur potentiel de création emplois et mettre la lumière sur les autres sources de financement pour sécuriser leur modèle économique.
Un premier constat s’impose à la BGE : « Au niveau national, le secteur sportif représente 21% des associations employeuses en 2013, soit 82 000 postes salariés. A Mayotte, nous avons 21.000 licenciés sportifs, dont un tiers en football. On dénombre 330 clubs, 17 ligues et comités sportifs. Ce secteur présente donc un réel potentiel de création d’emploi. »
« A Mayotte, les associations sportives ont beaucoup de chemin à faire pour parvenir à créer de l’emploi. En effet, le constat est clair : les associations ont très souvent un mono-financeurs (subvention publique), or pour créer de l’emploi pérenne, une diversification des sources de financement est nécessaire (sponsoring, mécénat, cotisation, vente de prestation de service, etc.)
Le séminaire a permis de révéler que la contribution des ménages et des sponsors dans le financement du sport à Mayotte est insuffisante : « Aujourd’hui, plus de 73% des joueurs ne payent pas leurs licences (étude réalisée par le DLA Mayotte sur un échantillon de 44 associations sportives) ce qui est anormale au regard du service que rendent les associations aux pratiquants. Ce non payement est souvent dû à une absence de demande de payement de la part des clubs considérant souvent que c’est eux qui ont besoin des joueurs et non l’inverse. »
« On fait du social »
De nombreuses citations de dirigeants de clubs allant dans ce sens ont été recensées « contrairement à la métropole, à Mayotte l’enfant va tout seul au terrain, souvent c’est nous les dirigeants qui allons chercher les enfants pour venir jouer », « Si je rends obligatoire le payement, les bons joueurs iront dans d’autres clubs et en plus ils vont recevoir un peu d’argent », « on ne fait pas que du sport, on fait aussi du social ».
Pour initier un début de changement, de nombreuses préconisations ont été faites aux dirigeants de clubs venus nombreux assister au séminaire : Faire de la pédagogie en amont et associer les parents au fonctionnement du club, Valoriser le sport comme étant une possibilité de carrière, d’un métier, etc., Mettre en place des procédures de recouvrement, dont le paiement en plusieurs fois, Tarifs réduit en fonction du revenu des parents, Bénévolat, l’impossibilité de payer, peut être compensée par quelques heures de bénévolat.
Enfin, il a été rappelé à ce sujet qu’il ne s’agit pas d’imposer un changement de pratique brutale, mais plutôt de mettre en place au fil de l’eau des actions qui vont d’avantage impliquer les usagers dans le financement du sport à Mayotte.
Concernant le rapport au sponsoring, une étude a été réalisée par le DLA Mayotte et ce dernier a permis de dresser un état des lieux sur le sponsoring du côté des clubs.
Un sponsoring « a minima »
L’enquête ne visait pas à quantifier le poids du sponsoring dans les clubs, mais plutôt de savoir s’ils avaient déjà été sponsorisés. Si 36, 6% des associations interrogées ont indiqué avoir déjà été sponsorisées, ce chiffre est à relativiser dans la mesure où plus de 73% des dirigeants interrogés ne connaissent la différence entre le sponsoring et le mécénat. Par ailleurs le constat a été fait, les transactions entre les clubs et les entreprises se limite très souvent à la fourniture de maillots floqués. Or la publicité apportée aux entreprises sponsors dépasse largement les lots donnés.
De nombreuses propositions ont été faites pour palier à ce manque d’information, une charte sur le sponsoring un document pédagogique co-construit avec le cabinet 3 A Mayotte et les 7 ligues et comités sportif de Mayotte et a été présenté lors du séminaire. Ces derniers ont bénéficiés d’une formation sur le sponsoring en particulier le cadre juridique et la définition d’une stratégie performante de recherche de partenariat
D’autres préconisations en termes de stratégie ont été faite, notamment la mutualisation inter-club d’un même village, inter-ligue voire inter-disciple. D’autre part il est conseillers aux clubs de se positionner dans une démarche de négociation et non de mendicité.
Enfin, le séminaire a permis de mettre la lumière sur d’autres formes de financement à travers la diversification d’activité, notamment le sport santé, le sport entreprise ou encore l’organisation d’événement.
La mobilisation de toutes ces sources de financement devrait permettre aux associations de mieux fonctionner et à terme de créer de l’emploi.