Saïd Omar Oili cultive le « courage politique » lors du rapport d’activité de l’interco de Petite Terre

A l’heure où le nord de l’île est toujours privé d’intercommunalité, celle de Petite Terre va bientôt fêter ses 4 ans. Elle a peu à peu trouvé ses marques au milieu des compétences transférées par l’Etat, et tire un premier bilan en forme de prospective.

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Saïd Omar Oili entouré de ses vice-présidents, lors de la conférence de presse

Née au même moment que la publication de la loi NOTRe qui révisait les domaines de compétences communales, la montée en puissance de la Communauté de Commune de Petite Terre (CCPT) a pris du temps, il fallait articuler ses compétences avec celles des communes. C’est ce qui explique aussi un exercice budgétaire 2017 qualifié d’ « excellent » par son président, Saïd Omar Oili, les recettes engrangées n’ayant pas encore été dépensées à la hauteur de ce qu’on attend d’elle, avec seulement 8% d’investissement.

Mais la CCPT n’a pour autant pas perdu son temps. Des compétences ont été recrutées au tourisme, vont l’être à la direction des services techniques, et 11 axes majeurs de politique territoriale sont inscrits au rapport d’activité. Parmi eux, deux dossiers cruciaux, le foncier et les déchets, qui ont un point commun.

Au sujet du premier, le président de l’Interco, entouré de ses vice-présidents, interpellait, « où peut-on construire un nouveau lycée ? Une cantine ? Un office de tourisme ? On ne peut développer un territoire sans le foncier, mais quand on veut aménager, quelqu’un surgit pour dire, ‘c’est à mon cousin’, ou ‘à ma tante’. Il faut que les élus aient le courage politique d’exproprier avec une Déclaration d’Utilité Publique, quand on en a besoin pour un projet d’intérêt général. » Une éventualité qui avait été brandie pour la 3ème retenue collinaire d’Ouroveni du temps du préfet Veau, « mais parce qu’il appartient à une très grande famille (Bamana, ndlr), nous en sommes au point de départ, avec une possible nouvelle pénurie d’eau ! »

Celui qui est aussi maire de Dzaoudzi Labattoir prend son exemple à témoin, « j’ai déterminé l’emplacement de la future déchetterie sur un terrain appartenant à ma famille ». L’intercommunalité s’est adjoint les services de l’Etablissement Public Foncier et d’Aménagement de Mayotte (EPFAM) pour libérer du foncier.

Double dépense pour une île sale

La voirie du boulevard des Crabes refaite à neuf

Une déchetterie que la commune va mettre en place en toute illégalité, comme l’a fait avant lui la maire de Sada, « le SIDEVAM n’assume pas son rôle ». Pour ce 2ème gros dossier des déchets, les deux communes continuent à dépenser un « pognon de dingue », pour paraphraser un réformateur connu, alors qu’elles financent déjà le syndicat intercommunal SIDEVAM 976, qui collecte et traite les déchets. « Mais dans son statut, ne sont ramassés que les déchets en bacs, pas ceux qui trainent par terre, qui sont de la compétence communale. Conclusion, ils ne nous donnent que très peu de bacs ! Etant donné la saleté de la ville nous avons décidé de créer ce service à Dzaoudzi, en budgétisant 600.000 euros ». Idem à Pamandzi, pour 170.000 euros.

Depuis plusieurs années, Saïd Omar Oili veut récupérer la compétence de collecte, « nous avons pris une délibération à cet effet », mais alors que plusieurs maires semblaient animés de la même intention, ils se seraient fait acheter, « on leur a proposé des postes de vice-présidents avec l’indemnité qui l’accompagne. Nous privant ainsi d’une délibération au sein du syndicat pour séparer collecte et traitement, et sortir de la première. » Un « courage politique », qui a là aussi manqué, et qui revient souvent comme un reproche dans la bouche du président qui en fait un peu sa marque de fabrique.

Dans ce domaine des déchets, plusieurs actions sont initiées par l’intercommunalité, dont le ramassage de 110 carcasses de voitures cette année, l’achat et la mise à disposition de composteur pour réduire le volume des déchets, et la proche mise en place du tri des cartons.

Centre de formation aux métiers du tourisme

Saïd Omar Oili: « Il faut inciter les touristes à dépenser en Petite Terre »

Parmi les autres compétences récupérées, l’Urbanisme, avec l’installation du programme de longue haleine ANRU à la Vigie, la résorption de l’habitat indigne, le Schéma de gestion des eaux pluviales, etc.

Le développement économique passera par 3 programmes essentiels : l’engagement de l’étude stratégique sur la filière pêche et le positionnement du futur quai de débarquement des pêcheurs, « au regard des mauvaises conditions sanitaires de vente au Four à Chaux », des quais dont on entend parler depuis deux ans, « tout laisse à penser que les travaux commenceront en 2019 », la construction de farés « dans les prochaines semaines » de point de vente des produits agricoles et de la mer, et la création d’une zone d’activité de 15.000 m2 de stockage notamment sur le secteur des Badamiers. La mise en place de l’éclairage public photovoltaïque va se poursuivre, ainsi que la réfection de voiries.

L’objectif de captage des touristes sera confié à une nouvelle directrice de l’Office de tourisme, Mme Nuteau, « ils faut proposer des produits incitant à dépenser ». Et cela passera par « la mise en valeur d’un environnement qui reste encore très sale sur Petite Terre. » Plan Climat énergie territoriale, Gemapi, Par Naturel marin, conservatoire du littoral pour la gestion du cratère de Dziani, « avec accent mis sur la rando », sont annoncés pour les années à venir. La CCPT se positionne pour accueillir un centre de formation aux métiers du tourisme.

Saïd Omar Oili avait prévenu en introduction, le temps de l’interco et des études prospectives, n’est pas celui du temps politique avec ses élections municipales en 2020, quand les programmations déclinées plus haut « façonneront Petite Terre dans 5, 10 ou 15 ans. Soyez patients, et renouvelez nous déjà votre confiance ! », lançait-il comme un slogan.

Anne Perzo-Lafond

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