L’AFD décidée à financer l’allongement de la piste… à Rodrigues

C’est de l’autre côté de l’océan Indien, à l’est, qu’une piste d'aéroport va gagner 63% de longueur : l’Agence Française de Développement investit 80 millions d’euros à Rodrigues, à peu prés la somme qu’il faut pour allonger celle de Mayotte…

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« Deux types de voyageurs se retrouvent à l’île Rodrigues : ceux qui recherchent la tranquillité, l’authenticité des hommes et des paysages, fuyant la foule des touristes et les grandes structures hôtelières », c’est l’accroche d’un site mauricien de tourisme, pour vanter les mérites de cette toute petite île de 110km2 au beau milieu de l’océan Indien, à 583 km de l’île Maurice dont elle est une dépendance.

Une toute petite île mais qui va avoir sa maxi piste. L’actuelle ne mesure que 1.287 mètres, ne permettant que d’accueillir des turbopropulseurs à hélices. Les autorités de l’île ont donc comme projet très avancé d’allonger la piste de l’aéroport de Plaine-Corail, au sud-ouest de l’île, à 2.100m, soit un gain de 63%. Pour cela, l’Agence Française de Développement (AFD) contribue à hauteur de 80 millions d’euros, assurant d’ailleurs la quasi-totalité des financements, explique le site le mauricien.com. Dans un premier temps, le gouvernement régional avait opté pour l’allongement de la piste existante sur des pilotis érigés en mer, mais abandonnée car trop onéreuse. Il a alors choisi une nouvelle piste en parallèle avec celle qui existe.

30 à 55% de plus pour être autonome

La piste actuelle de l’aéroport de Pamandzi à Mayotte

Dans le « far west » de l’océan Indien par rapport à Rodrigues, de l’autre côté de Madagascar, une petite île attend elle-aussi le rallongement de sa piste. C’est le 101ème département français, dans lequel a été menée en 2011 une enquête d’utilité publique, pour ne pas dire de botter le projet en touche trop rapidement.

La piste actuelle de Pamandzi mesure 1.930 m depuis 1995, et selon une interview que nous avait donnée le précédent directeur de l’aéroport de Mayotte, Yves Christophe, il faudrait la porter à 2.500 ou 3.000 m pour garantir une desserte aérienne multiple au regard de l’accroissement de la population. C’est à dire une augmentation de 30% à 55% de sa longueur, bien en deçà de l’allongement rodriguais. Actuellement, au départ de Mayotte, les compagnies doivent toujours planifier une escale technique pour faire le plein de carburant. Ou « LA » compagnie Air Austral devrait-on écrire, Corsair ayant délaissé notre desserte. Et toujours selon Yves Christophe, rien ne se fera d’ici 2026, l’allongement de la piste n’étant pas inscrite à la Délégation de Service Publique remportée en 2011 par Lavallin, maintenant EDEIS. Seuls les lits d’arrêt de sécurisation (EMAS) seront donc rajoutés, aux frais des passagers, avant le 31 décembre 2018.

Des millions à portée d’AFD

La piste convergente du scénario 2 de l’enquête publique

Les deux hypothèses travaillées lors du débat public en 2011 portaient sur l’allongement de la piste pour le 1er scénario, et la création d’une piste convergente pour le second, avec un moindre impact sur l’environnement, selon le document final de l’aéroport de Mayotte (Lire Projet-piste-longue-dmo-). Le coût minimal était estimé en 2011 à 100 millions pour le seul allongement sud de la piste actuelle (Scénario 1), et de 210 à 230 millions d’euros pour la création d’une piste convergente de 2.600 m à l’intérieur du lagon (Scénario 2).

C’est à dire que pour quasiment la même somme qu’à Rodrigues, l’AFD pourrait offrir au département français un allongement, ou dans le second scénario, servir d’amorçage de consommation de fonds FEDER qui paraît-il, ne demande que ça, des projets.

L’action de la Direction Générale de l’Aviation Civile protectrice envers la française Air Austral, avait été évoquée. En tout cas, la question du faible retour sur investissement – notamment en impôts et taxes – dans un 101ème département où le pouvoir d’achat est bien inférieur à la moyenne nationale ou des autres DOM qui ont pu bénéficier d’investissements structurants, ne tient plus quand l’AFD contribue au développement de pays étrangers.

Anne Perzo-Lafond

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