Tifaki Hazi : 20 ans d'anticipation et de succès au service de l'insertion

L'association d'aide à l'insertion par le travail Tifaki Hazi ne cesse de grandir. Depuis 20 ans, elle confirme la réussite de son modèle, grâce à une certaine stabilité et à beaucoup d'anticipation.

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Boris Vigne aux côtés du président Nassor Mohamed et du directeur Lahadji Abdou

Pour les 20 ans de Tifaki Hazi, l’association organisait ce jeudi à Dembéni une conférence sur l’insertion par le travail, axée sur les chantiers publics. Ou comment lancer un appel d’offre en s’assurant de faire travailler des personnes en situation d’insertion. Un sujet d’actualité puisque c’est en partie à cause d’une clause d’insertion non respectée par les entreprises retenues que la mairie de Mamoudzou et le maire lui-même ont été poursuivis ce mois-ci.
Cette conférence animée par Boris Vigne visait à vanter le principe de co-construction « sur l’achat social responsable. L’achat responsable prend en compte les trois composantes du développement durable : économique, social et environnemental » explique le conférencier. « Là, c ‘est un focus sur la partie sociale dans les marchés publics. Les structures relevant du code des marchés publics tendent de plus en plus à intégrer une  composante sociale dans leurs achats. Tifaki Hazi, dans sa composante insertion, devient un acteur primordial dans le cadre de ces marchés, aux côtés d’autres acteurs primordiaux comme la CRESS (chambre régionale d’économie sociale et solidaire) et les élus notamment. »

Boris Vigne était venu expliquer comment mieux intégrer le social dans les marchés publics

Si Tifaki Hazi met aujourd’hui l’accent sur le sujet, c’est qu’il est en effet de plus en plus présent dans les marchés publics, mais que la composante sociale se heurte à des freins, liés souvent à la méconnaissance des outils. Ainsi dans le cas du procès de la mairie de Mamoudzou, aucune entreprise n’avait proposé de volet social à sa candidature, et c’est un agent de la mairie qui avait contacté la CRESS pour chercher des solutions. En se lançant dans cette problématique, l’association d’insertion s’inscrit dans la politique qu’elle a toujours menée : anticiper pour coller aux besoins de Mayotte.

Tafaki Hazi « a pour mission de recruter des demandeurs d’emploi, de les mettre en emploi et de les accompagner vers l’emploi durable » rappelle son directeur Lahadji Abdou. L’association reçoit des personnes éloignées de l’emploi qui sont déjà agrées par Pôle Emploi. Il peut s’agit de personnes en situation de handicap ou de séniors, mais surtout de jeunes en difficulté et de chômeurs de longue durée. Ces personnes employées par l’association sont mises ensuite à disposition de partenaires privés, dans des domaines aussi variés que le BTP, la restauration, la grande distribution ou la logistique. Aujourd’hui, 300 personnes sont salariées de l’association et bénéficient d’un accompagnement social. Un sacré chemin que rappelle le directeur.

Lahadji Abdou, directeur de Tifaki Hazi depuis bientôt 10 ans

« Tifaki Hazi a été créée en 1998 alors qu’il n’y avait pas encore à Mayotte de texte sur l’insertion, on était alors installés Zone Nel. Le fondateur, c’était Houdina, qui s’occupait aussi de la petite enfance avec une crèche, d’insertion, de personnes handicapées. Il y avait Toioussi également. Aujourd’hui on est séparés. La structure Tifaki Hazi a été créée en 2003. On assurait alors 20 000 heures de travail accompagné par an. Aujourd’hui on est à 153 000 heures! »
Le développement de l’association est passé par des créations de nouvelles structures. En 2005, Msanda Mayotte, pour l’aide à domicile. En 2015, Tifaki service, pour le lavage de voitures sans eau. Et en 2018 apparaît Tifaki Intérim, entreprise temporaire d’insertion. Chacune de ces étapes est un succès.
« Le truc, c’est qu’on est à l’écoute de l’environnement, des besoins du marché, analyse Lahadji Abdou. On n’est pas là à attendre, on anticipe les évolutions des besoins. Par exemple on savait que Mayotte avait un problème d’eau quand on a lancé cette idée de lavage de voiture sans eau. »
Le secret du succès de l’association serait donc d’avoir « une longueur d’avance, mais aussi beaucoup de travail dans la professionnalisation des salariés de l’association. On a eu la chance de ne connaître que deux directeurs en 20 ans : Christophe Glanois de 2003 à 2009, et moi depuis » poursuit l’actuel directeur qui salue cette stabilité administrative dans un département miné par le turn-over.
La prochaine étape, c’est la création d’un « groupe associatif sous la forme d’un groupe économique solidaire, cela permettra aux personnes suivies de passer d’une structure à l’autre selon ses besoins et ses difficultés ». Une nouvelle initiative qui consiste là encore à s’adapter aux besoins des salariés, mais aussi du marché, pour un accompagnement le plus efficace possible, qui en même temps montre son efficacité pour le monde économique.
Y.D.

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