Ce jeudi matin, le conseil départemental accueillait le deuxième comité de suivi du programme interrégional Mayotte-Comores-Madagascar. Ce programme lancé en 2016 dans l’archipel a intégré la Grande Île en 2017. Aujourd’hui, 12 millions d’euros de fonds européens y sont consacrés, pour aider au développement régional.
Pour le préfet Dominique Sorain, le programme « interreg » vise à « affirmer la place de Mayotte dans son environnement régional ».
La représentante malgache Vero Henintsoa va plus loin, « la participation des Comores » est pour elle « assimilée à une reconnaissance implicite de Mayotte ».
Mais l’objectif du programme européen interrégional n’est pas politique. Son but est de favoriser le développement de chaque partenaire suivant trois grands axes, l’économie, plus particulièrement les échanges commerciaux, la santé et l’éducation. Le comité de suivi est selon Mohamed Sidi le « lieu d’un dialogue poussé et d’une meilleure efficacité d’action dans l’intérêt général ».
« Il y a trop peu d’échanges commerciaux » dans la zone, développe
le préfet Dominique Sorain, autorité de gestion de ces fonds.
Le comité de suivi mené jeudi matin avait ceci de particulier qu’il s’inscrivait dans un contexte compliqué. Seuls trois projets ont été initiés, et « aucun paiement n’a pour le moment été fait » note le préfet de Mayotte. Du coup, l’argent programmé par l’Europe en 2018 pourrait bien s’envoler. « On va tenter une procédure de circonstances exceptionnelles en raison de l’instabilité aux Comores, de l’élection à Madagascar et de la crise sociale à Mayotte » informe-t-il, reprenant les grands freins aux projets ces derniers mois.
Pour autant, des « dossiers importants » sont en cours, notamment de la Croix Rouge, du lycée de Coconi et du CUFR. Aux Comores, la Croix Rouge oeuvre à la prévention des risques de catastrophe naturelle et à la prévention face au réchauffement climatique. L’Union des Comores attend aussi beaucoup du programme Interreg pour le développement de son agriculture, secteur qu’elle souhaite valoriser. Des projets de nature touristique sont aussi dans les tiroirs.
Mais la vigilance est de mise. Si le programme interreg Mayotte date de 2016, il existe aussi un programme similaire dit « Océan Indien », chapeauté depuis La Réunion. Ainsi un projet mené à Madagascar pourrait tenter de prétendre aux deux sources de financement. « On va voir comment on peut mieux coordonner nos actions entre La Réunion et Mayotte vis à vis de nos partenaires de l’océan indien », indique le préfet. Ce, afin « d’éviter les doubles financements ».
Y.D.