Un prof porte un gilet jaune et se voit interdit de faire cours

Un professeur d'anglais du lycée du Nord n'a pu retrouver ses élèves. Selon son syndicat, il lui est reproché d'avoir porté un gilet jaune dans l'enceinte de l'établissement en décembre.

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Le rectorat de Mayotte

Va-t-on avoir un mouvement Gilets Jaunes à Mayotte ? C’est possible s’il vient à se former un mouvement en soutien à Laurent Chaillou. Ce professeur d’anglais certifié (titulaire du concours des enseignants du secondaire) a été interdit de faire cours à son retour de vacances en janvier. « Je suis interdit de faire cours ce matin au LPO du nord… Monsieur Lecocq, porte parole du recteur, a annulé mes cours ! Je dois quitter l’établissement » a-t-il posté le 7 janvier sur Facebook. Quelques jours plus tard, il était convoqué au vice-rectorat. Convocation à laquelle il ne s’est pas rendue.  » Il n’y a pas de motif sur la convocation reçue ce vendredi, je pense que c’est parce que j’ai porté mon gilet jaune dans l’établissement le 6 et le 7 décembre 2018  » écrit-il encore.
Une version soutenue par son syndicat, la CGT Educ’Action. « De ce que je sais, ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir porté un gilet jaune dans l’enceinte de l’établissement, mais il n’a pas fait cours avec ce gilet » explique le syndicaliste Quentin Sedes.

Liberté d’opinion vs devoir de réserve

Selon lui, la hiérarchie n’a pas tardé à réagir. « La direction de l’établissement lui a demandé de le retirer. Puis le vice-rectorat a été notifié et a décidé de lui interdire de faire cours jusqu’à sa convocation. Sur le plan administratif c’est étrange car il n’est pas suspendu. C’est la première fois que je vois un cas comme celui-là. C’est une question qu’on est en train d’étudier juridiquement, je suis dubitatif au niveau réglementaire. »
Cette affaire surprenante pose la question récurrente de ce qu’un enseignant a le droit ou non de faire. Si l’administration est souvent prompte à évoquer le devoir de réserve des fonctionnaires, ceux-ci disposent toutefois d’une certaine liberté d’opinion et d’expression, et la frontière entre les deux n’est pas toujours nette.

Quentin Sedes, de la CGT EducAction, défend l’enseignant

« On ne comprend pas que cette affaire prenne une telle ampleur,  génère une telle crispation, reprend Quentin Sedes. On veut nous interdire d’avoir une opinion. A partir du moment où on ne fait pas de prosélytisme ou de politique, car les gilets jaunes ne sont pas un mouvement politique, on ne devrait pas pouvoir être sanctionné pour ça. »
Depuis le jour de sa convocation, l’enseignant, souffrant, est en arrêt maladie. S’il n’est donc pas officiellement sanctionné, d’autres le sont. Les élèves se retrouvent en effet privés d’un enseignant, dans une des disciplines où Mayotte peine le plus à recruter.
Une fois n’est pas coutume, dans cette histoire de gilet jaune, les parents pourraient bien être les prochains à voir rouge.

Y.D.

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