Cambrioleurs, marchands de sommeil, passeurs ou dealers sont dans le collimateur. Le dispositif de participation citoyenne n’était pas encore officiellement lancé que des informations ont déjà été remontées qui « permettront de travailler sur un trafic de stupéfiants » indique le major Emmanuel Polpré, commandant de la brigade de M’Zouazia. C’est lui qui, depuis plus de deux ans, porte ce projet en lien avec la préfecture et les mairies. L’objectif est « d’impliquer la population dans la lutte contre la délinquance, l’intérêt n’est pas que de mettre des panneaux, il faut aussi rendre ce dispositif dynamique » poursuit le sous-officier.
Dans la forme, cela se traduit par des référents sélectionnés dans chaque quartier de la commune de Bandrélé et de Chirongui. Ils sont actuellement une dizaine dans chaque municipalité. Triés sur le volet, anonymes pour le grand-public, ces référents sont chargés de garder un œil sur leur environnement. Ni enquêteurs, ni policiers, leur rôle n’est pas d’intervenir mais de faire remonter toute information utile aux forces de l’ordre pour ouvrir une enquête. Le renseignement peut ainsi se faire sur du long terme, ou dans l’immédiat par un appel au 17 en cas de délit en cours.
Si ce réseau se veut « dynamique », c’est que les référents et la gendarmerie participeront chaque mois à une réunion afin de faire le point sur les informations remontées, mais aussi sur les suites qui y seront données. L’enjeu est donc double, dresser un bilan du mois écoulé, mais aussi encourager les participants à continuer sur cette voie.
Ce dispositif qui se déploie dans le sud répond à « la nécessité de repenser nos outils de sécurité » selon le maire de Bandrélé. Il permet « que chacun remplisse enfin son rôle ».
« On est tous responsables de notre sécurité », abonde Etienne Guillet, directeur de cabinet du préfet. « Sans les informations de la population, la police est aveugle. L’Etat c’est nous tous, les reproches faits à l’Etat, sont des reproches que l’on se fait à nous-même. Le fléau de la délinquance à Mayotte est quelque-chose que l’on peut régler. Il suffit d’être main dans la main, et on y arrivera. »
Après Bandrélé, le dispositif a été inauguré le matin-même à Chirongui. Dans ces deux communes, « la suite, d’ici la fin d’année ou début 2020, ce sera la vidéo-protection, indique le major Polpré. Les devis sont en cours pour une quarantaine de caméras à Bandrélé et autant à Chirongui. Puis, la prochaine étape sera Bouéni, où les devis sont en cours aussi ».
En ligne de mire, le gendarme affiche un objectif principal, que le sentiment d’insécurité « change de camp ».
Y.D.