La géographie des flux migratoires à Mayotte

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En dépouillant les résultats du dernier recensement, l’INSEE a donc souligné que la moitié de la population de l’île est étrangère, alimentée par un flux migratoire positif pour la première fois en 2017. Alors que jusqu’à présent, les natifs de Mayotte étaient davantage à quitter l’île que le nombre d’entrants. Sur la période 2012-2017, on a dénombré 32.500 arrivées de natifs de l’étranger, et environ 26.000 départs de natifs de Mayotte, à déduire également 1.000 natifs de métropole et autres DOM de moins, ce qui donne un solde migratoire de +5.600 personnes.

Ajouté à la forte fécondité de 5 enfants par femme, la croissance démographique prend 3,8% par an, nous sommes donc 270.000 habitants depuis le 1er janvier 2019.

« Attractivité » de Koungou !

« Forte concentration de population étrangère à Koungou et dans la CADEMA », relate Jamel Mekkaoui

Et répartis inégalement sur le petit territoire de 374km2. Paradoxalement, « beaucoup de communes connaissent un flux migratoire négatif », relate Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’INSEE. La carte rougit au nord-est : « Les taux de croissance annuel moyen y sont supérieurs à 4%, et on y note une forte concentration de population étrangère venue des Comores, 61% à Koungou, alors qu’elle était de 51% en 2012, et 58% sur Mamoudzou-Dembéni ». A l’inverse, le taux d’étrangers est inférieur dans les communes les plus éloignées de Mamoudzou, 15% à Boueni, et 16% à Mtsamboro.

Les tensions communautaires à Bouéni qui s’étaient soldées par des « décasages », avaient provoqué une migration interne des populations étrangères qui s’étaient réfugiées à Koungou. Plus étonnant en revanche pour Mtsamboro, quand on sait qu’il s’agit d’une des portes d’entrée des kwassas.

Des évolutions qui vont se traduire par une augmentation de la Dotation globale de Fonctionnement pour les communes à forte croissance démographique, qui devraient donc pouvoir mener des politiques sociales et d’habitat adaptées.

6 logements sur 10 sans hygiène de base

Les eaux usées jetées sur la terre devant les cases

Avec l’arrivée continue de ces populations en situation précaires, les conditions de logement se sont détériorées, alors qu’elles avaient progressé entre 2007 et 2012, et malgré l’émergence des politiques de logement sociaux. En 2017, 63.100 résidences principales sont recensées à Mayotte, une croissance de 4,1% par an. La part de ménages propriétaires de leur logement atteint 54 %, en retrait de près de 3 points par rapport à 2012.

L’habitat précaire reste ainsi très présent : en 2017, 39% des résidences principales sont en tôle, en bois, en végétal ou en terre (+ 1point par rapport à 2012), alors qu’elle avait un peu diminué avant 2012. Surtout, 59% des résidences principales ne bénéficient pas du confort sanitaire de base, c’est à dire, d’un point d’eau, de toilettes et de douche, et 95% des habitats précaires ne bénéficient pas de cette hygiène minimum. Une tendance qui s’infléchit moins qu’auparavant. « Les natifs de l’étranger vivent prés de trois fois plus souvent en habitat précaire que les habitants nés à Mayotte. » Si 10% de résidences sont dépourvues d’électricité, à l‘image des équipements ménagers qui ont peu progressé, 28% sont connectés à internet, avec un ménage sur trois disposant d’un ordinateur.

C’est un tableau terne qui est étalé sous nos yeux par l’INSEE, puisqu’on voit qu’une grande partie de la population ne bénéficie pas de la richesse relative dégagée, et n’évolue pas vers un meilleur confort. Une vaine quête vers l’Eldorado.

Anne Perzo-Lafond

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