Olivier Klein, le président de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine qui a signé mardi soir le conventionnement de 28 millions d’euros de lancement de la rénovation de Kawéni, était à Koungou ce mercredi matin, pour lancer le NPRU de Majicavo Koropa, en compagnie de son directeur, Nicolas Grivel, qui était venu à Mayotte il y a 3 ans.
Accompagnés par le préfet Dominique Sorain, le sous-préfet Dominique Fossat, le directeur de l’Etablissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM), et accueillis par le maire Assani Saindou Bamcolo et son staff. Tout ce petit monde s’est rendu sur les hauteurs, après un cheminement sur des sentiers détrempés et glissants.
Devant eux, une vue imprenable sur Massimoni, sa déchèterie sauvage, ses cases qui s’étalent sur la colline, ses carcasses de voitures, etc. Enfin, imprenable, il faut le dire vite : un mur en parpaing s’érige à un mètre, « la semaine dernière, ces fondations n’existaient pas ! », déplore un cadre de la mairie. Il explique qu’une veille est mise en place pour éviter toute construction nouvelle.
David Leclaire, en charge de la NPRU de Majicavo Koropa, sort deux cartes comparatives, « de 2013 à 2018, un quartier entier s’est monté », et explique le plan de bataille mis en place : « Nous avons déjà organisé en janvier et février, deux opérations de destructions de cases en tôle récentes. En tout, une quinzaine de cases ont été démolies. » « Et pour quel impact ? », s’enquiert Olivier Klein. « Ça freine l’extension, mais il faut le systématiser partout », explique le préfet Dominique Sorain.
« Il n’y a pas d’équivalent en France ! »
Si la méfiance s’installe en effet du côté des nouveaux arrivants qui évitent d’être visibles, cela induit un autre effet, « la densification de l’habitat, rapporte un élu de la mairie, on voit même des rajouts au dessus des habitats en dur ». Des maisons qui semble avoir pignon sur rue, « mais qui vont nous poser problème dans la deuxième phase de la rénovation, car elles n’ont pas de permis de construire. »
La convention signée porte sur un investissement ANRU de 15,6 millions d’euros. « Nous sortons un peu de notre cœur de métier, habituellement plus axé sur le logement, nous confiait Olivier Klein, car une bonne partie de cette somme sera destinée à la rénovation de voiries. Mais c’est indispensable pour démarrer les opérations de rénovation. » Il découvrait les quartiers insalubres ce mercredi matin, avant de se rendre à Kawéni, « je suis impressionné, j’ai déjà visité des bidonvilles au Maroc, mais pas sur notre territoire national. Il n’y a pas d’équivalent en France ! »
Ce sont 12,4 millions d’euros qui seront donc destinés à l’aménagement de la voie de desserte interne de Bandrajou, avec un début d’action sur les logements impactés par les aménagements de la voierie, chiffré à 2,5 millions d’euros. On note aussi 650.000 euros dégagés au titre de conduite de projet Ville et de l’EPFAM. Ce dernier va mettre un coordonnateur à disposition.
Une volonté de fer
Constatant le chantier à mener, Olivier Klein lâchait, « il y a un énorme travail à faire encore, il va vous falloir du courage », et soulignait l’action « d’un préfet engagé comme on en voit peu ! »
Dominique Sorain justement, s’était exprimé la veille sur l’ampleur de la tâche à accomplir, et a pu échanger avec Olivier Klein « en aparté », « et vous m’avez demandé, ‘par où commencer ?’ En effet à Mayotte, il manque des infrastructures partout, des écoles, l’eau, l’assainissement, les transports. On ne peut pas laisser un territoire de la République ne pas se mettre à niveau. » Des projets ANRU seront intégrés au contrat de convergence, « pour avancer et entrevoir par quel bout on prend le dossier. »
Malgré tout, Olivier Klein s’interrogeait, « et la vaste décharge publique en contrebas, vous allez en faire quoi ? » Il évoque les monceaux d’ordures qui se déversent sur la plage de Koropa ensuite. Nous nous sommes tournés vers les services techniques de la mairie à ce sujet. « Nous allons signer un contrat avec le cabinet Insidens pour sortir les épaves de voitures, et étudier comment évacuer les déchets, peut-être avec des Bob Cat, mais on y arrivera ».
La volonté des équipes municipales de Koungou, tel que David Leclaire, force l’admiration, et c’est le maire Bamcolo qui le dit…
Des investissements prioritaires qui ne sont que la première phase du NPRU, mais comme pour Kawéni, « il va falloir faire preuve de bonne consommation », glissait Nicolas Grivel.
Anne Perzo-Lafond
Hum.