« On a besoin ici d’avoir plus d’ESS » s’exprimait ce lundi matin Annick Girardin, ministre de l’Outre mer. C’est selon elle l’enjeu d’un « monde meilleur, plus juste, car ça crée de l’emploi, c’est le monde de demain ». Depuis les locaux de l’association Yes we Can Nette à M’Tsapéré, c’est donc une déclaration d’amour que la ministre a adressé à l’économie sociale et solidaire, avant de se rendre à Acoua pour rencontrer la Cress, chambre régionale d’économie sociale et solidaire.
« Aujourd’hui, on est sur le thème de l’économie sociale et solidaire », explique la ministre qui évoque « des solutions » et « un cercle vertueux ».
Dans les locaux de l’association Yes we Can Nette, la ministre s’est vu présenter l’épicerie solidaire, les œuvres d’art réalisés à partir des 600 000 canettes récoltées en 3 ans, mais aussi les machines à laver, mises à disposition pour 2€ afin d’offrir une solution digne aux riverains qui n’ont pas l’eau courante, et se rabattent sur les rivières, notamment la Majimbini qui coule au pied des locaux de l’association.
La laverie solidaire pour l’association, c’est « permettre aux habitants d’être acteurs et de s’impliquer, car ils ont quelque chose à y gagner en termes de solidarité ». C’est aussi un enjeu « de dignité ».
« Une pépite »
Et ça marche, si on en croit Olivier Tirard, coordinateur de l’association qui a vu la demande en lessives exploser depuis qu’il a emménagé à M’Tsapéré. En février, 173 lessives ont été effectuées dans les locaux de Yes We Can Nette. Pas de quoi toutefois endiguer le phénomène des lavages en rivière. Ce lundi, la ministre a assisté depuis le balcon de l’association à une de ces scènes du quotidien, où femmes et enfants lavent le linge à grand renfort de savon de Marseille. « Certaines ne viennent pas, explique Olivier Tirard, pour des arguments financiers, ou parce qu’elles trouvent que ça lave mieux à la main dans la rivière. » Pour 2€, prix d’une lessive solidaire à l’association, les « lavandières » préfèrent souvent acheter un pack de savon. « Et puis elles voient des gens, c’est une manière de voir d’autres personnes et de discuter, c’est une tradition » complète Nasma Madi, en service civique à l’association.
Contraste donc entre une offre de machines à laver et ces lessives en rivière, interdites et dangereuses, sous le nez de la ministre et du préfet. Mais Annick Girardin ne veut pas s’arrêter à cela. « On est venus voir une réponse positive à une réalité liée au manque d’eau. Les réponses commencent à s’organiser. Je crois à ce type de réponse immédiate et rapide (…), je me félicite à chaque fois qu’on trouve ce type de pépite à Mayotte » a-t-elle conclu avant de partir à Acoua, toujours sur le thème de l’ESS.
Y.D.