Autour de la table, une dizaine de jeunes s’affairent, coupant des rubans ou perçant des bouteilles en plastiques. Au milieu des échanges en langue des signes, les détritus se transforment en personnages colorés. Le tout sous le regard souriant de Cédia M’Soili, interface de communication à l’Association des déficients sensoriels de Mayotte.
Interface de communication, c’est comme un traducteur, mais en mieux. Le but est de traduire en langue des signes, mais aussi de s’adapter au public pour faire passer le message, quitte à ne pas le transmettre de façon littérale comme un interprète le ferait.
La jeune femme a intégré l’année dernière la première formation en France d’animatrice en santé communautaire. « Cette première promotion finit en juin. Le but est de pallier les manquements du territoire. Par exemple, beaucoup de projets sont montés sur l’île sans être adaptés, car on copie des idées alors que le public n’est pas le même, son histoire non plus. Cette formation nous apprend à prendre en compte tous ces regards ».
Des gestes « pas innés »
En faisant le constat d’un taux d’insalubrité alarmant sur l’île, l’animatrice a souhaité mettre en application ses apprentissage pour la bonne cause. « On voit des bouteilles, des canettes, des pneus, issus de notre nouvelle société de consommation, qui sont jetés dans la nature. On ne peut pas demander à la population de s’approprier des gestes qui ne sont pas innés. Il faut donc mobiliser les gens pour changer leur regard envers le déchet. »
C’est dans cette optique de sensibilisation à grande échelle que Cédia M’Soili a décidé d’une expérimentation plus restreinte, en motivant les jeunes de l’ADSM avec lesquels elle travaille au quotidien. « Le but est de faire comprendre qu’un déchet, ce n’est pas juste : je consomme et je jette. Il faut en faire autre chose ».
Les décorations et autres statuettes en plastique sont fixées dès ce jeudi à l’entrée du parking de la place de l’ancien marché, sur les arbres. D’autres viendront les rejoindre pendant les prochains mois.
Y.D.
En voilà une excellente idée. Bonne continuation alors.