Parce que « gouverner c’est prévoir », le Conseil économique et social signe avec l’INSEE

« C’est la fin du pifomètre, nous ouvrons un nouveau chapitre de gouvernance territoriale », décrétait Abdou Dahalani, président du Conseil économique social et environnemental de Mayotte (CESEM), avant de parachever un partenariat avec l’INSEE pour mettre en place des modèles, notamment en matière de fécondité et d’immigration.

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Abdou Dahalani et Jamel Mekkaoui signent pour une action coordonnée

« On ne peut pas penser Mayotte qu’avec une préoccupation du moment, on le sait, ‘gouverner c’est prévoir’ », introduisait Abdou Dahalani, avant de signer avec Jamel Mekkaoui, Directeur de l’INSEE Mayotte, un partenariat destiné à évaluer pour les prochaines décennies le nombre d’habitants de Mayotte, la part des jeunes et des seniors, la répartition par sexe, l’ampleur des migrations, « nous nous sommes donnés pour horizon l’année 2050, donc dans 30 ans », complètent les deux hommes.

Un type d’études qui a déjà été mené sur le plan national, dont les outre-mer, qui s’appuie sur un outil national nommé OMPHALE. Ce modèle de projection démographique permettra d’anticiper sur les politiques publiques à mener à Mayotte. Et notamment en matière d’aménagement, « par exemple, nous savons que les populations des villages de Tsingoni et de Koungou augmentent, mais personne ne s’est encore demandé comment on allait loger tout ce monde », traduit Abdou Dahalani. Des données qui vont notamment renseigner (et booster) le Schéma d’Aménagement Régional (SAR), en cours d’élaboration au conseil départemental.

« 1, 2, 3, bass… » à exporter

« Une prospective qu’on peut comparer aux modèles climatiques », expliquait Saïd Saïd Hachim

Saïd Saïd Hachim y travaille justement : « Nous avons besoin de prévoir les aménagements pour la population estimée dans 10, 20 et 30 ans. Si par exemple nous fixons un cap à ne pas franchir de 3 enfants par femme, nous devons mettre en place les politiques publiques pour y arriver ». La vieille sentence « un, deux, trois, bass… » (pas plus de trois enfants), a bien fonctionné pour Abdou Dahalani, puisque l’INSEE évalue à 3,5 le nombre d’enfants par femme mahoraise, « contre prés du double pour les natives des Comores ».

Mayotte se met donc à la prospective, c’est une bonne nouvelle, se réjouit Nabilou Ali Bacar, directeur du CESEM : « Les citoyens demandent des actions identifiables et évaluables. Sinon, ils développent une frustration, et finissent par se soulever. Or, il faut connaître pour anticiper, c’est pourquoi cette alliance avec l’INSEE. »

Ce mardi s’est tenue la réunion de lancement de cette prospective, avec plusieurs autres partenaires que sont le Centre universitaire (CUFR), l’ARS, le SGAR de la préfecture, le vice-rectorat et le conseil départemental.

« On a du mal à assumer politiquement des décisions difficiles »

Elus et direction du CESEM déroulent leur partenariat avec l’INSEE

« L’important est d’éclairer le débat public, notamment en modélisant l’immigration et la fécondité, pour Jamel Mekkaoui, et au regard des critiques dont ont fait l’objet nos statistiques de recensement, je remercie le CESEM pour cette confiance. » Des objections qui ont été portées « par manque d’explications sur les chiffres lors de leur publication », pour Nabilou Ali Bacar.

Le CESEM monte en puissance puisque cette année il récupérait les compétences d’évaluation des décisions prises par les élus et de leur impact, « nous sommes persuadés qu’avec l’élévation de la maturité du territoire, les élus vont peu à peu tenir compte de l’évaluation des politiques publiques. »

Mais cela ira de pair avec un courage politique, qui fait encore défaut à Mayotte, à relier à la défense de l’intérêt général, comme le traduisait pudiquement le président du CESEM : « On a du mal à assumer politiquement des décisions difficiles. On est dans la temporalité du mandat. »

L’inscription de certains objectifs au SAR devrait faciliter la prise en main par le politique.

Anne Perzo-Lafond

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