Claude n’a pas de mots assez forts pour exprimer sa colère et sa détresse après plus de trois mois sans indemnisation. En arrêt maladie suite à un accident de scooter le 30 mai dernier, cet affilié à la CSSM qui réside dans le sud a été indemnisé normalement début juin, mais depuis, plus rien. Après avoir déposé trois réclamations et passé plusieurs appels, s’être déplacé à Mamoudzou et y avoir constaté qu’il n’était pas le seul dans ce cas, cet agent regrette un manque de communication de la caisse de sécurité sociale de Mayotte. « Depuis mon accident le 30 mai, j’ai été prolongé en arrêt maladie à plusieurs reprises. Il ne manque aucune pièce à mon dossier, mais la seule fois où j’ai été indemnisé c’est le 3 juin, depuis, je n’ai eu aucune information. Ils remboursent bien mes frais médicaux, tout est nickel au niveau du dossier. Ils sont incapables d’expliquer pourquoi et de dire quand on sera indemnisé » déplore-t-il. Alors qu’il est parti se faire opérer à La Réunion, l’accidenté évalue à plus de 3500€ les arriérés de versement. « Je n’ai plus rien pour vivre, heureusement que j’ai des amis et que j’ai prévu de quoi tenir de côté, il n’y a même pas eu de fonds d’urgence » regrette-t-il encore.
Lors de son dernier appel à la CSSM, un conseiller lui a expliqué qu’il y avait « un règlement en attente à la comptabilité. La fois d’avant, c’était « il y a une vérification sur le montant à vous payer » ». Des explications qui laissent l’intéressé perplexe. Lorsqu’il nous a contactés, il soupçonnait un bug informatique. Ce que semble corroborer la CSSM que nous avons jointe au téléphone.
« Un gros problème informatique »
« Sur un suivi de paiement, il n’y a pas de raison qu’il y ait de rupture. Mais il y a eu un gros problème informatique début juillet, avec de nombreuses répercutions, son paiement a pu sauter du listing et n’être pas rétabli en août » suppose la directrice de la CSSM Ymane Alihamidi-Chanfi. Contact était pris ce lundi entre les services pour régulariser la situation. Mais le coup de la panne ne rassure pas l’assuré. « La situation en elle-même est scandaleuse, si un jour c’est pour les retraites que l’informatique saute, on va faire quoi ? »
Toutefois si ce cas semble assez exceptionnel par sa durée et ses causes, les retards ressentis ne sont pas rares, et ont souvent une explication et une solution plus simples que pour notre assuré.
« Il peut y avoir des retards », reconnaît Mme Chanfi qui précise que dans un arrêt maladie « plusieurs acteurs entrent en jeu, le salarié lui même, l’employeur et la CSSM. Le salarié remet son arrêt de travail, ensuite l’employeur doit remplir une attestation de salaire, nécessaire pour identifier et calculer la bonne indemnité journalière. Il faut qu’on verse, mais surtout à la bonne personne et le bon montant. »
Or, c’est souvent dans la transmission des pièces entre ces acteurs que les dossiers prennent du retard.
Souvent des pièces manquantes
« Les dossiers litigieux font l’objet d’une réclamation et d’un suivi par notre cellule écoute client. Sont qualifiés de réclamations les dossiers qui sortent des délais de paiement » précise la directrice. « Une fois un dossier complet, les délais prévus sont de 50 jours. En moyenne on est à 54,87 jours. Pour la maternité on est à 45 jours. Au regard de l’ensemble de ces acteurs, certes la CSSM prend sa part mais il faut voir l’ensemble du dossier, souvent il manque un document, le plus souvent c’est l’attestation de salaire. »
Autre problème récurrent, les salariés qui ne sont pas affiliés à la CSSM lorsqu’ils se retrouvent en arrêt. « Nous gérons uniquement les affiliés CSSM. Or, l’affiliation n’est pas automatique en cas de changement de département, il faut penser à s’affilier à la CSSM au delà de trois mois de résidence régulière sur le département. Une personne qui ne s’est pas affiliée peut voir se rajouter au délai de paiement le délai d’affiliation, qui peut être long » poursuit la responsable. »
Cette dernière se veut toutefois rassurante, ces désagréments devraient se faire plus rares à l’avenir. « On est en train d’améliorer nos procédures de traitement en interne, on communique sur la prochaine ouverture au centre Kinga où l’ensemble des services sera sur un même lieu. Mais pour que tout ça soit fluide il faut que l’ensemble des acteurs participe à cette fluidité. »
Y.D.