60 pylônes, 17 kilomètres de ligne électrique, 3500 rotations d’hélicoptère et 30 millions d’euros d’investissement, les chiffres donnent le tournis. A Combani ce jeudi, EDM présentait le chantier pharaonique de la ligne très haute tension qui reliera d’ici 2021 la centrale de Longoni à Sada, via le centre de l’île.
Avec une puissance de 90 000 volts contre 20 000 pour les lignes actuelles qui suivent la route nationale, c’est « une autoroute » qui se construit pour alimenter le sud en électricité. L’objectif de ce dispositif est de « sécuriser l’approvisionnement du sud » explique Fady Hajjar, directeur général d’EDM. Avec moins de risque de coupures et de pertes en ligne, « tout le monde y gagne, les communes, la population, et le secteur économique, notamment les projets hôteliers du sud. »
L’idée de cette nouvelle ligne aérienne haute tension sera d’alimenter un poste relais à Sada, d’où le courant sera dispatché dans tout le sud de l’île. Julien Tisserand, chef de projet, compare cette installation à la construction d’une autoroute reliée à destination aux routes départementales existantes. « Kawéni s’est développée, croyez moi, Sada se développera » veut croire ce responsable, 6 ans après la création de la ligne Longoni-Kawéni, indispensable à l’essor de la zone d’activité.
Un défi environnemental
La création de la ligne Longoni-Sada n’est plus qu’un projet. Après plusieurs années d’études, notamment d’impact environnemental, les travaux ont commencé. Les rotations d’un hélicoptère à grande capacité, capable de soulever une tonne de matériel, ont été entendues depuis plusieurs semaines, et les premiers pylônes sont visibles à travers le couvert forestier autour de Combani. Pour chaque pylône, Bouygues Energie, prestataire retenu pour l’installation, a étudié la faune et la flore et établi un plan pour limiter l’impact environnemental avec la Deal. « Chaque site est différent donc chaque pylône est un chantier indépendant » précise l’entreprise. Il faut à chaque fois déboiser une surface de 15m sur 15m et creuser pour installer les fondations. Des prospections archéologiques n’ont rien donné sur les sites creusés. Puis avant de passer les câbles, les arbres seront étêtés pour ne pas risquer de les endommager. Autre avantage, cela permettra de faire passer les lignes au dessus des frondaisons, et ainsi, de moins les voir depuis le sol.
Camions allemands et ouvriers lettons
Le choix de l’hélicoptère pour couler le béton des fondations se justifie par le souci de ne pas déboiser massivement pour bâtir des pistes à usage unique à destination des camions. Ainsi à Combani où un pylône est en train d’être érigé au milieu des champs d’ylang, seuls deux pieds ont dû être arrachés, dont un mort. Par ailleurs, l’entreprise a fait le choix de se passer de grues : les éléments de chaque pylône sont montés par hélicoptère, ou à la main, à l’ancienne. Des ouvriers spécialisés et équipés comme des alpinistes ont été spécialement amenés de Lettonie par un sous-traitant allemand. Les chantiers sont donc un curieux mélange d’ouvriers parlant letton, de véhicules immatriculés en Allemagne et des traductions diverses nécessaires au bon déroulement des opérations.
C’est au final un chantier colossal de plus de 6 ans, études comprises, qui est en train de voir le jour et qui pourrait changer le visage de la moitié sud du département.
Y.D.