Une convention pour répondre aux « besoins colossaux » face à la pauvreté

Personnes âgées ou handicapées, malades… les citoyens connaissent mal leurs droits à Mayotte. L’information va désormais passer par les communes à travers leurs CCAS, avec un partenariat fort de l’ARS et de la Sécurité sociale.

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Convention multi partenariale avec l'UNCCAS, le département et l'Etat

Le constat est simple, dressé par le Secrétaire général de la préfecture, Edgar Perez : « Mayotte, département le plus pauvre de France où 80% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et un tiers dans des cases en tôle, est loin d’une convergence des montants des prestations, et pourtant, elles ne sont pas réclamées. » Outre les problèmes de domiciliations postale ou bancaire, la méconnaissance des droits est mise en avant.

Il faut donc développer des outils de proximité de la population pour informer au plus prés. C’est l’objectif numéro un de la convention qui a été signée ce vendredi entre les Centres communaux d’action sociale (CCAS). Leur action, encore naissante à Mayotte où certains ne sont que balbutiants corrélés au dynamisme de leur mairie, était vanté par le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani : « Si le conseil départemental est un acteur de premier plan de l’action sociale dont c’est la compétence, nous sommes un partenaire privilégié des acteurs sociaux sur le plan de l’Aide sociale à l’enfance, des PMI, des personnes âgées ou en situation de handicap. C’est le sens de cet accompagnement des CCAS, notamment par la mise à disposition d’un contrat aidé dans chacun d’entre eux, et une participation financière globale de 60.000 euros. » Soit, 3.500 euros par CCAS.

« Des procédures qui se complexifient »

Une convention qui met les communes au premier plan

Une structure adaptée au « maillage territorial » cher à Issa Issa Abdou, vice-président chargé de l’Action sociale : « 89% des CCAS assurent un premier accueil du public sans rendez-vous, et 95% écoutent et informent les usagers dans un contexte où les procédures se complexifient et se numérisent. » Il était félicité par le sous-préfet Edgar Perez pour le « travail acharné » de ses équipes sur le Fonds social.

Lui comme Anchya Bamana, présidente de l’Union départementale des CCAS (UDCCAS) évoquaient des besoins « colossaux » à Mayotte. Cette dernière rappelait l’appui des fonds nationaux. On se souvient en effet que l’Union nationale des CCAS avait remporté en début d’année le trophée « Initiatives FSE » pour son projet Pass’Palas, visant à fournir un diagnostic des besoins sociaux, à professionnaliser et à structurer l’action sociale de proximité à Mayotte.

C’est aussi un signe que notre territoire s’inscrit pleinement dans le plan national de lutte contre la pauvreté, selon l’élue : « Il s’agit d’aménager à la fois la restauration scolaires des enfants, de créer des centres sociaux, d’améliorer les conditions de logement des personnes âgées, et celle en situation de handicap. » A ce sujet, Anchya Bamana critiquait les retards de traitement de dossiers à la Maison départementale des Personnes Handicapées (MDPH).

La mesure Buzyn pas applicable à Mayotte

Issa Abdou, Edgar Perez Soibahadine Ramadani, dressaient le tableau des besoins

Autre chose, les aidants familiaux font l’objet de préoccupation constante. S’occuper de malades ou de personnes handicapées ou âgées à la maison, est un engagement reconnu. La ministre Agnès Buzyn a d’ailleurs annoncé la mise en place d’un congé rémunéré pour les salariés aidants familiaux. Mais hélas pour l’instant pas adaptable en l’état à Mayotte, encore une fois parce que la CSSM ne relève pas encore du droit commun. Une accélération de la convergence devient pressante.

Sont également concernés par cette convention, l’Agence régionale de la Santé (ARS) et la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (CSSM). Pour la directrice générale Ymane Chanfi, si la méconnaissance des prestations est évoquée, ce n’est pas faute d’avoir déjà donné des possibilités d’informer : « Un partenariat fort a été instauré depuis l’année dernière entre la CSSM et les CCAS, que nous avons nantis en matériel informatique afin d’implanter de vrais points de contacts d’information aux usagers. C’est une sorte de CDAD* de la Caisse. »

Justement, le CDAD est également partie prenante, celui qui le préside, également à la tête du TGI, Laurent Ben Kemoun, était d’ailleurs présent.

Comme nous l’avions écrit, les CCAS ont vocation à devenir un toit abritant tout un tas de structures dont les permanences se feront le relais des acteurs sis à Mamoudzou.

Anne Perzo-Lafond

* Centre Départemental d’Accès aux Droits

5 Commentaires

  1. On parle de convention pour s’occuper des clandestins entrés et installés illégalement sur le territoire et de leurs bidonvilles. On veut plutôt des conventions pour inciter les maires et les autorités à raser les bidonvilles et à intensifier les reconduites.

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