Zakia, 9 ans : « Je demande aux adultes, ‘vous connaissez nos droits ?’ » 

    Ce n’est pas parce que nous en sommes au 30ème anniversaire de la signature de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), que cette journée est mieux comprise à Mayotte. Les droits de l’enfant restent un terme toujours inaudible pour beaucoup. Dès que cette annuelle journée pointe le bout de son nez, on l’oppose aussitôt aux devoirs. Un signe qu’il faut s’attaquer à cette incompréhension avant même de communiquer.

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    Petite pièce de théâtre jouée à Caritas-Secours Catholique, pour simuler un cours en classe

    Il faut dire qu’en matière de droits de l’enfant, les acteurs institutionnels ne montrent pas l’exemple. Jusqu’à il y a 4 ans, le conseil départemental dont c’était pourtant la compétence principale, se faisait tirer l’oreille, et boudait sur le mode, « si on installe une structure pour les enfants isolés, il faudra recommencer à l’identique le lendemain, et encore le lendemain, etc. » Etait visé l’immigration clandestine, pour laquelle l’Etat a enfin endossé son rôle en participant à l’action sociale et aux PMI, « 180 millions d’euros ont été versés », a indiqué le représentant du préfet ce mercredi matin. Oui, mais n’oublions pas qu’une partie est rétroactive, pour les dépenses précédemment engagées pour le Département.

    Désormais, le bientôt rectorat semble plus déterminé que jamais à construire le presque millier (ça donne le vertige !) de salles de classe qui fait défaut, et le Département s’est doté d’un Schéma de l’Enfance et des Familles, qu’il déroule méthodiquement.

    Il faut donc que tous les acteurs remplissent désormais leur rôle sur le respect des droits de l’enfant. Un bien grand mot pour parler de chose simples, c’était d’ailleurs l’objet d’un jeu « Défenseur des droits » au Secours Catholique-Caritas France ce mercredi, avec une cinquantaine de jeune. Chacun avec une carte en main, devait expliquer ce qu’étaient leurs droits, « manger, boire, être protégés, être habillés correctement, pouvoir parler librement de ce qui nous concerne, etc. » Mais plusieurs ne parvenaient pas à comprendre, « on me dit que j’ai le droit à un environnement protecteur pour grandir, ça veut dire que j’ai le droit de grandir sans mes parents ? Ou tout seul avec ma femme ? »

    L’appel d’air, même excuse pour les maires et pour l’Etat

    « Grandir dans un environnement protecteur », une notion de droit qui s’acquiert, même pour les ados

    Des questionnements qui en disent long sur l’incompréhension des droits de l’enfant. Le terme est opposé aux devoirs, à tort. Il résume l’attention et l’amour qui doivent entourer un enfant, et qui sont les meilleures garanties pour qu’il se construise de manière harmonieuse et assume justement ses devoirs d’obéissance et de respect. La jeune Zakia, 9 ans, dans un petit documentaire tourné par les bénévoles du Secours Catholique, ne dit pas autre chose : « Je voudrais aller à l’école pour savoir, lire, compter, être respectueux. Mais je voudrais demander aux adultes, ‘vous connaissez nos droits ?’ » !

    Beaucoup de très jeunes donc, non scolarisés. L’Observatoire de mineurs isolés les évalue à 2.300 avait révélé le sous-préfet Dominique Fossat. Le manque de salle de classe est en partie responsable, mais pas seulement, « on m’a demandé mon avis d’imposition » rapporte la maman de Nadjad dans le petit film. Ses enfants ont été déscolarisés après un mois d’inscription, « à la demande du maire », indique-t-elle.

    Un raisonnement en circuit court : puisque l’immigration est mue notamment par le besoin de scolarisation des enfants, on va la freiner en refusant de les inscrire. Or, un enfant non scolarisé comme la petite Zakia, devient vite un jeune ado errant, sans connaissance pour se débrouiller, sans culture. Les maires doivent donc jouer le jeu, c’est une obligation. Mais doit-on le rappeler, ils ne sont pas les seuls à craindre l’appel d’air que la scolarisation de masse fait peser. L’Etat est le premier responsable de cette situation quand il refuse d’aligner les prestations sociales sur la métropole comme le RSA ou de mettre en place la CMU sous ce même prétexte d’appel d’air. Il ne peut donc y avoir de demi-mesure, et tous les droits doivent être respectés.

    Anne Perzo-Lafond

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