Pour ses voeux aux forces de sécurité, le préfet a axé sa prise de parole sur la « confiance » et la « fierté » de l’uniforme ». Une confiance et une fierté qu’il dit voir parmi la population et qu’il souhaite voire partagées parmi les premiers intéressés. Devant un parterre de policiers, gendarmes, pompiers ou encore militaires, il a apporté son « soutien » mais aussi un peu de modération dans le tout-sécuritaire qui avait bien souvent pris le dessus depuis les manifestations de 2018.
« La mission qui consiste à assurer la sécurité des Mahorais et la mission qui consiste à rétablir le bon équilibre et à lutter contre l’immigration clandestine sont des missions fondamentales » a-t-il embrayé, faisant par deux fois le distingo entre ces deux missions. Immigrations et délinquance sont régulièrement accolés dans les discours de sorte à créer une impression de causalité qui biaise les ressentis et les politiques publiques. Une dérive que le préfet a aussi souhaité modérer, rappelant que le maintien de l’ordre n’est pas la réponse à tout.
« Notre responsabilité c’est de ne pas laisser la police et la gendarmerie sans réponses de fond. On n’aboutira à aucun résultat avec la seule action des forces de sécurité. Elles sont indispensables pour regagner le terrain, mais pas suffisantes pour stabiliser la société. C’est la raison pour laquelle nous prenons tout un tas d’initiatives pour stabiliser l’économie. Il y a 4000 emplois en 2019 qui ont été ouverts sur le marché du travail dans le secteur marchand. Ces 4000 emplois, c’est autant de chances données aux jeunes Mahorais qui font le choix du travail plutôt que le choix de la violence ».
Toujours pas de chiffres
Mais les paroles ne sont pas tout. « Il faudra vite montrer des signes positifs de cette politique » a-t-il estimé. Une manière d’annoncer que non, cette année la cérémonie de vœux aux forces de l’ordre ne devait révéler aucun chiffre sur la délinquance à Mayotte, mais qu’en filigrane, un certain optimisme règne en la matière.
Si les chiffres ne sont plus communiqués depuis plus de six mois, c’est que la situation de crise qui avait justifié une communication trimestrielle est passée. La préfecture en revient donc aux règles de communications nationales qui sont de laisser en premier lieu le ministre de l’Intérieur communiquer, avant de fournir des données locales. Celles concernant Mayotte ont été remontées à Paris. Elles doivent y être « retraitées », ou « affinées » avant que les chiffres communicables ne reviennent ici.
Y.D.