Activité économique et confinement : entre la théorie et la clé sous la porte

Le gouvernement est devant un défi de taille, qui ne peut se baser sur aucun vécu, aucune archive : comment maintenir un semblant d’activité économique tout en ne mettant pas ses acteurs en danger de contamination ? En clair, où mettre le curseur. Pour l’instant, ça tâtonne.

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IEDOM, crise économique, Mayotte
Le Caribou est resté fermé pendant 6 mois en 2020

« Assurer la continuité de l’activité économique et des industries de notre pays », était l’objectif que poursuivait un communiqué des ministres de l’Agriculture, des Transports et de la Transition écologique et solidaire ce mercredi. Un message destiné à remotiver les troupes, mais qui se heurte à une réalité de confinement. Qui doit bosser sur site? Qui doit télébosser ? Qui peut rester à la maison garder ses enfants ? On voit bien que l’équation est compliquée. Quelques chefs d’entreprise nous ont contacté, désarçonnés de ne pas savoir si leur secteur, notamment les services et soins à domicile, était concerné.

Dans le communiqué interministériel de ce mercredi, on peut lire, « le gouvernement précise que la livraison à domicile de repas et la vente à emporter restent ouvertes. Les clients de ces commerces sont invités à adopter des comportements d’achat responsables. » Au risque de décevoir, nous pouvons dire qu’en réponse au vide laissé par la rue, les restaurateurs ont en grande majorité fermé boutique. Souhaitant les encourager, des habitants ont sollicité les gros de la place, avec la même réponse, « on a dû fermer. Les gens ont interdiction de se déplacer. » Et oui, on ne peut pas toujours avoir le beurre et l’argent du beurre, le confinement, et le déplacement, même dérogatoire.

L’un d’entre eux a bien essayé, Bruno Garcia, gestionnaire du Caribou hôtel : « J’ai tenté de proposer des pizzas à emporter ce mercredi, mais il n’y avait personne », explique-t-il derrière sa grille baissée.

La médiation bancaire va avoir du pain sur la planche !

Derrière ses grilles fermées, Bruno Garcia subit une situation exceptionnelle non reconnue par sa banque

Ce jeudi, la préfecture indiquait avoir activé un plan similaire à celui de 2018, afin d’accompagner les entreprises. La Cellule territoriale de continuité économique sera présentée aux médias ce vendredi, qui précise l’évolution des conditions de travail pour les entreprises et la Cellule d’urgence de la Chambre de Commerce, avec des coordonnées propres Covid19@mayotte.cci.fr et 02.69.50.23.11. On y explique notamment qu’une médiation bancaire est mise en place « en cas de difficultés dans une demande de rééchelonnement des crédits bancaires, les entreprises du territoire pourront prendre contact avec la médiation du crédit exclusivement en ligne à cette adresse : http://mediateur-credit.banque-France.fr

Sans doute pourra-t-elle répondre aux chefs d’entreprises qui, comme Bruno Garcia, ont eu une douche froide en s’adressant à leur banque : « A ma demande d’autorisation de découvert et de crédits, ma banque m’a demandé mes bilans 2018, 2019, un plan de trésorerie et ma fiche patrimoniale. Sous entendus qu’ils pourraient préempter ou hypothéquer… Comme si nous étions dans une situation normale ! », s’agace-t-il.

Entretemps, 750 milliards d’euros ont été débloqués par la Banque Centrale Européenne de Christine Lagarde pour sauver les marchés financiers de la zone euro. C’est à notre gouvernement de savoir comment utiliser les fonds pour sauver au mieux les Petites entreprises qui font le tissu économique.

Lire Soutien aux entreprises COVID19

Anne Perzo-Lafond

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