Les parents se pressent devant les écoles maternelle de Majicavo Lamir et de Longoni ce lundi matin. Une scène similaire à celles de Labattoir vendredi dernier : des parents d’élèves font la queue, surveillés de près par la police municipale et des médiateurs pour garantir les gestes barrière. A la clé, la distribution de colis alimentaires, en grande partie financés par la CSSM, en charge à Mayotte des aides du volet famille de la caisse d’allocations familiales.
Derrière cette organisation millimétrée, se cache un fonctionnement propre à Mayotte.
En effet, la CSSM mobilise les 13,5 millions d’euros de la Pars, prestation d’aide à la restauration scolaire, que l’organisme décrit comme » une prestation légale qui aide, uniquement en outre mer, les collectivités et l’Education nationale dans le 2nd degré à mettre en place la restauration scolaire avec un montant forfaitaire par collation ou repas ». Il s’agit donc d’un dispositif différent de ce qui se pratique en métropole.
Deux options
Dès lors se posait la question de la manière d’utiliser cette prestation, habituellement versée aux gestionnaires que sont les établissements scolaires et les communes à qui revient la charge de négocier les repas auprès des traiteurs.
« Dans les autres DOM le budget de la PARS sera versé directement sur le compte des allocataires bénéficiaires de l’Allocation de rentrée scolaire, explique la CSSM. A Mayotte les conditions étant plus restrictives, ça ne toucherait que 27 000 enfants, on aurait touché qu’1/3 d’entre eux » précise l’organisme de sécurité sociale. Mayotte est de plus le département le moins bancarisé de France, et y appliquer ce dispositif sans aménagement aurait laissé de nombreux foyers sur le carreau.
Deux options s’offrent alors. Soit verser cette prestation sous forme de bon d’achat, soit sous forme d’aide alimentaire. Ce dernier choix, c’est celui fait par Labattoir et Koungou notamment.
« Labattoir a commencé vendredi, ça s’est bien passé, se réjouit Aurélie Jaulain, directrice adjointe à la CSSM. Ils ont ouvert les écoles et lissé les choses avec des horaires par niveau de classe. On les a équipés en masques en tissu et en visière par le biais du collectif citoyen collectif Mayotte impression 3D urgence qui s’est monté pour élaborer des visières avec des imprimantes 3D pour les personnels de police municipale ou médiateurs qui sont les plus exposés à l’extérieur. »
Un montant de 42 à 69€ par élève
Koungou a aussi mobilisé « beaucoup de moyens, police municipale, médiateurs, pour faire en sorte de respecter les gestes barrière, parfois ça se bouscule un petit peu mais ça se passe mieux » salue lui aussi Alain Manteau, directeur général des services de la ville. Pour lui, le choix des colis alimentaires est « complémentaires », il déplore « des dérives » liées à l’usage de coupons. Le colis alimentaire répond aussi à un besoin de proximité en étant distribué dans les écoles. Avec un bon d’achat « il faut que la personne soit mobile pour aller au magasin, or à Longoni il n’y en a pas à proximité. Si on remet plusieurs colis, là c’est un cumul des collations de mars et avril, chaque enfant repart avec 140 produits » détaille le cadre municipal.
Dans d’autres communes comme Sada ou Chirongui, c’est le choix des bons d’achat qui a été fait, notamment pour éviter les cohues et limiter la propagation du virus.
« Suite à des demandes répétées des communes, et d’autres expériences où il a fallu gérer des foules et des gestes barrière difficiles à respecter, on nous a demandé de réfléchir à des bons d’achat, reprend Aurélie Jaulain. Là encore la CSSM va financer les gestionnaires. On a calculé un montant du 16 mars au 30 avril (on verra après si c’est prolongé) et on en a déduit un montant par élève bénéficiaire de la collation ou du repas, soit un montant de 42 à 69€ par élève. Mais les bons d’achat seront plus élevés, puisqu’on va y ajouter la participation des parents, le plus souvent déjà payée, et éventuellement la dotation communale ou de l’établissement. Ainsi dans le secondaire par exemple, on est à 70% de financement par la Pars et 30% d’autres financements, soit 70 à 80€ par bon d’achat ».
Quelle que soit la forme retenue, « notre priorité c’est que nos bénéficiaires, plus de 65000 enfants soit 69% de la population scolarisée, puissent accéder à une offre et que cet argent aille vers eux » résume la responsable « nous n’avons aucune prestation qui couvre autant d’enfants ».
Avec ces choix, la CSSM espère que l’aide alimentaire arrivera à la plupart des foyers qui en ont besoin. Mais d’autres dispositifs complémentaires existent, par le biais des centre communaux d’action sociale (CCAS) pour les personnes âgées, ou d’associations pour les personnes en situation de handicap et/ou de grande précarité.
« Si chaque institution mobilise ses propres moyens, on peut couvrir une grande partie des besoins » souligne la CSSM.
Y.D.
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