29 embarcations contrôlées en seulement deux jours, cela fait beaucoup pour un lagon en théorie interdit à la circulation. Le Parc Marin a repris les contrôles en mer, et le déconfinement de ses agents n’est pas de tout repos.
« Les équipes du Parc naturel marin de Mayotte ont repris leurs activités de surveillance et de contrôle sur le périmètre du lagon, interrompues depuis le début du confinement », explique le Parc Marin dans un communiqué. « Sur les deux premiers jours de la semaine, ce ne sont pas moins de 29 embarcations qui ont été contrôlées. Mardi, les agents du Parc ont saisi un filet de 140 mètres de long, installé sans surveillance dans une zone où les tortues circulent bien plus que les poissons » poursuit l’organisme qui pointe la mise en danger d’espèces protégées.
« Parmi les 29 embarcations contrôlées entre lundi et mardi par les agents du Parc, il y avait de nombreuses pirogues et plusieurs embarcations de plaisance dont les occupants, non seulement ne respectaient pas les restrictions de déplacement en vigueur en période de confinement, mais aussi, pour certains, profitaient du calme ambiant sur le lagon pour y pratiquer la chasse sous-marine. Au large de Sada, un filet de 140 m de long, placé en toute irrégularité sur les coraux entre l’îlot Sada et la côte a pu être retiré par les agents alors qu’il représentait un véritable danger pour les nombreuses tortues marines venant se nourrir dans la zone. »
Le Parc rappelle par ailleurs que « la chasse sous-marine est strictement interdite à l’intérieur du lagon et dans toutes les passes ».
Quant à la pêche au filet, elle est autorisée dans le lagon, mais très réglementée.
« La pêche au filet est réservée aux pêcheurs professionnels ayant déclaré l’utilisation de ce type d’engin.
Le filet doit comporter les marques apparentes d’identification à l’embarcation de référence.
Le pêcheur professionnel doit être à proximité de son engin de pêche et en capacité d’intervenir immédiatement pour délivrer les éventuelles espèces protégées prises accidentellement au piège dans les mailles.
Il est interdit de poser un filet sur les coraux vivants, les herbiers et les chenaux de mangrove. »
Le rôle primordial des citoyens
La participation des citoyens est fondamentale pour la préservation du lagon, poursuit le Parc.
En effet, le filet retiré « a été signalé à plusieurs reprises à cet endroit depuis le début du ramadan, des citoyens ayant même eu à intervenir pour libérer au moins une tortue prise au piège ».
Un scénario qui n’est pas nouveau. « Quelques années plus tôt, une tortue noyée avait déjà été signalée dans le même type de filet, toujours tendu entre l’îlot et la côte à l’aplomb des coraux très présents sur la zone. Les agents avaient alors découpé minutieusement le filet complètement enchevêtré dans les coraux. »
Le Parc appelle donc à la vigilance. « Le signalement par les usagers de la mer, les pêcheurs ou tout autre citoyen, de méfaits contre notre environnement, est une clef essentielle de la surveillance du lagon et de sa protection. »
Ce communication s’inscrit dans une période critique, entre pic de ponte et carnage sur les plages, où le bon sens est plus que jamais nécessaire.
« Braconnage de tortues marines ou simple inconscience ? La mise en place pendant les périodes de basse mer d’un filet coupant la circulation aux tortues sur toute la zone corallienne cheminant de l’îlot à la côte, pose d’autant plus question que les poissons de récif y sont peu nombreux et de petite taille contrairement aux tortues marines particulièrement présentes dans le secteur. Quatre rémoras de belle taille ont d’ailleurs été retrouvés noyés dans les mailles du filet relevé mardi par les agents du Parc, espèce bien connue pour sa symbiose avec les tortues marines. »
Y.D.