Lagon de Mayotte : la connaissance progresse malgré tout

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La loche géante (Epinephelus lanceolatus) observée à deux reprises lors de l’inventaire des espèces et milieux marins remarquables pour les ZNIEFF (Crédits photo : Régis Apack / Agence des aires marines protégées)

Le parc marin a mené une campagne de recensement de la vie marine à Mayotte. Onze jours de progrès de la connaissance interrompus par des problèmes administratifs.

La loche géante (Epinephelus lanceolatus) observée à deux reprises lors de l’inventaire des espèces et milieux marins remarquables pour les ZNIEFF (Crédits photo : Régis Apack / Agence des aires marines protégées)
La loche géante observée lors de l’inventaire des espèces et milieux marins remarquables pour les ZNIEFF
(Crédits photo : Régis Apack / Agence des aires marines protégées)

La mission a été plus courte que prévue mais déjà riche en enseignements. Le Parc naturel marin de Mayotte (PNM) a mené durant onze jours une campagne ZNIEFF, un acronyme barbare qui signifie zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique. L’objectif de ce programme d’inventaire, lancé en Métropole dès 1982, est de recenser l’ensemble de la biodiversité en France. Et le lagon de Mayotte entre enfin dans la danse. Bien entendu, de nombreuses missions ont déjà été menées pour découvrir les richesses sous-marines de notre département, mais jamais un tel inventaire aussi minutieux et exhaustif. Des zones jamais étudiées ont également été inspectées.

Des experts internationaux

Il fallait donc que les onze plongeurs soient à la hauteur de la tâche. En plus des deux biologistes du PNM, ce sont des scientifiques de dimension internationale, experts en algues, mollusques ou coraux, qui ont inventorié tout ce qu’ils voyaient. «Ils étaient souvent éblouis par la grande diversité que l’on trouve sur certaines stations, explique Julie Molinier, la directrice adjointe au pôle ingénierie du PNM. C’était très rassurant pour eux de voir autant d’espèces différentes alors que l’on évoque souvent la pression de l’homme, la dégradation de la qualité des eaux ou les problèmes liés à l’érosion qui abîment le lagon.»

Plongeurs sur la barrière de corail lors de l’inventaire des espèces et milieux marins remarquables pour les ZNIEFF à Mayotte (Crédits photo : Alexandra Gigou / Agence des aires marines protégées)
Plongeurs sur la barrière de corail lors de la mission ZNIEFF à Mayotte
(Crédits photo : Alexandra Gigou / Agence des aires marines protégées)

Sur les 21 sites examinés, le recensement est en effet impressionnant : environ 200 espèces de mollusques, 200 de coraux, 50 d’échinodermes et plus de 200 de poissons, soit plus de 650 espèces, sans compter les éponges, coraux mous, gorgones et algues… Certaines espèces ont été vues pour la première fois dans notre lagon et de nombreuses autres observées sont classées comme vulnérables par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) au niveau mondial, comme par exemple la loche géante, aperçue à deux reprises durant la mission. Ce qui confirme bien l’importance de notre joyau sous-marin d’autant que ce travail démontre aussi qu’il a une influence sur toute la région.

En effet, dans le nord du canal du Mozambique, Mayotte et ses bancs adjacents sont au centre du «triangle de corail de l’océan Indien», où les 350 espèces de coraux que l’on trouve du Mozambique jusqu’à Madagascar sont en interaction. Les connaître pour pouvoir les préserver est donc un objectif prioritaire pour la communauté scientifique internationale.

Mission interrompue

L'Antsiva, bateau océanographique, qui n'a pu terminer la mission
L’Antsiva, bateau océanographique, qui n’a pu terminer la mission

Le bonheur des scientifiques a néanmoins tourné court. Le 25 avril, une inspection par l’administration de l’Antsiva, le navire océanographique utilisé par le bureau d’étude prestataire du Parc sur cette mission, a révélé qu’il «n’était pas en possession des documents conformes aux exigences internationales pour ce type de travaux», a indiqué le PNM dans un communiqué. La mission a donc été suspendue en attendant que «des solutions adéquates, conformes à la réglementation et aux exigences techniques et de sécurité», soient trouvées.
Les scientifiques devaient encore mener cinq jours d’inventaire à Mayotte puis sept jours sur les bancs de la Zélée et du Geyser, plus au nord.

Les données déjà récupérées permettent tout de même aux chercheurs de travailler à de nombreuses identifications d’espèces. D’ici la fin de l’année, une fois les rapports complets validés et édités, les données seront mises en ligne sur le site du Muséum national d’histoire naturelle.
RR
Le Journal de Mayotte

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