Nos capacités en eau potable toujours en tension

Alors que nous avons largement entamé le début de la saison sèche, se pose la question de la capacité des réserves en eau de l’île. IL a beaucoup plu cette année, mais les travaux annoncés ont été stoppés par le confinement. Du côté de la météo, c’est toujours la surchauffe.

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Les travaux de rehausse sur la retenue collinaire de Combani

Chaque année c’est quitte ou double : les habitants traversent les mois de janvier et février en serrant les fesses lorsque ça passe, ou en serrant les dents quand il faut rationner, comme en 2017. Il avait fallu organiser un système de rotation d’approvisionnement dans le sud.

Les travaux envisagés notamment dans le plan urgence eau, n’ont pas tous pu être menés à bien. Et il faut bien dire que la crise Covid a reporté d’autant les échéances de livraison des ouvrages, on pense à la retenue collinaire de Combani et à l’usine de dessalement de Petite Terre.

Certains éléments incitent à l’optimisme. La retenue de Dzoumogne, qui a rarement fait le plein depuis sa naissance, affiche un taux de remplissage insolent depuis notamment qu’une rivière a été détournée pour l’approvisionner. Elle était à 100% au plus haut de la saison des pluies. Celle de Combani, habituellement, très remplie, a été partiellement purgée de force, pour que le niveau de l’eau permette de travailler à la rehausse d’un mètre sur l’ensemble de sa circonférence. Le gain doit être de 250.000m3 supplémentaire au total. « Elle a été remplie à son plus haut à 90% », nous rapporte Christophe Trollé, directeur adjoint de la DEAL.

Surconsommation en eau des confinés

Mayotte a été par le passé moins riche que ça ! Plusieurs éléments modèrent pourtant tout enthousiasme. Le premier tient à la période de confinement, « la SMAE a constaté un accroissement supplémentaire de la consommation en eau par rapport à l’année précédente. » Qui augmente déjà de 6 à 7% par an avec la démographie.

Autre frein, l’usine de dessalement ne produit pas à sa capacité maximale, 500m3 au lieu des 4.000 attendus, en raison d’un sous-dimensionnement dans la conception comme nous l’avions évoqué. Le directeur de Vinci Construction s’était engagé devant le préfet à la rendre opérationnelle en juin 2020… c’était sans compter le confinement du BTP.

Même punition pour la remise en fonction de 3 forages et la réalisation de 7 nouveaux qui auront pris du retard. Ils assurent 20% de la production totale d’eau potable.

Cumul des degrés anormalement élevés

La retenue collinaire de Dzoumogne remplie après la saison des pluies (Photo JDM)

Le constat est donc mitigé, et les regards vont se tourner vers le ciel en espérant une saison des pluies précoce et dense. C’est encore trop tôt pour que Météo France produise des prévisions, mais nous avons néanmoins tiré Laurent Floch de sa période d’hibernation d’hiver austral où il ne se passe pas grand chose pour lui !

Les données de moyen terme qui vont nous intéresser portent sur juillet et août, « nous avons des signaux de normalité en pluviométrie, ce sera donc très sec, avec 30 à 40 mm en juin, et 20 à 30 pour juillet, pareil en août. Il ne faut pas attendre de miracle sur le remplissage des nappes phréatiques ».

Mayotte subit plusieurs influences. Celle mondiale du réchauffement climatique, « qui nous fait prendre 0,13°C par décennie ». Et celle régionale du dipôle de l’océan Indien, qui, sur le même mode que El Niño, suit les oscillations de températures de la mer entre l’Ouest et Est de l’océan Indien. Un différentiel qui agite les températures à la hausse ou à la baisse. « Depuis 2016, nous sommes en anomalie positive, avec un record en 2019 de +1,5°C. » Avec un risque d’évaporation plus importante de nos ressources en eau en rivière et en retenue collinaire.

Cette année 2020 est également en surchauffe, les chiffres seront bientôt diffusés. Avec une tendance qui peut s’inverser à tout moment, toujours sous l’influence de ce dipôle OI.

Quant aux données locales, les prévisions mensuelles de la fin du mois de juillet seront accompagnées d’une première projection sur la prochaine saison des pluies.

Anne Perzo-Lafond

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