Le moins que l’on puisse dire est que l’élection du nouveau président du SMEAM (Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte), qui s’est tenue jeudi dernier à Kaweni, a été haute en couleur. Les maires de Pamandzi et de Chiconi, ne pouvant se déplacer eux-mêmes, avaient envoyé des suppléants. Or, selon Moussa Mouhamadi Bavi, l’ancien président du SMEAM, ces derniers n’avaient pas le droit de voter. Eux affirmaient le contraire, soutenus en cela par le vice-président du SMEAM Mahmoudou Mdallah. « En l’absence du titulaire, le suppléant a tout à fait le droit de voter, c’est ce qui s’appelle la démocratie », a-t-il déclaré. Toujours est-il qu’une discussion animée s’en est suivie, ce qui a obligé le doyen à suspendre la séance. Pendant cette suspension, Bavi ainsi que 16 autres délégués sont partis. L’élection a quand même eu lieu avec les 18 délégués restants, ce que l’ancien président du SMEAM trouve tout à fait anormal. « C’est comme si vous jouiez un match de foot avec une seule équipe », a-t-il expliqué, prétendant que l’opposition a voté uniquement entre elle. Pour lui, l’élection de Moussa Mouhamadi, maire de Bandraboua, à la présidence du SMEAM devrait donc être invalidée. Il va déposer un recours auprès du préfet allant dans ce sens.
Les serrures du SMEAM changées ?
En outre, Bavi prétend que les partisans du nouveau président ont cassé les portes du SMEAM et ont fait changer les serrures, ce qui est pour lui parfaitement illégal. « C’était du grand n’importe quoi ! Une véritable élection à l’africaine », a-t-il déclaré. « Est-on en France ici ou pas ? », a-t-il ajouté. Interrogé sur la question, Fahardine Abdallah, le nouveau président, a nié ces accusations de vandalisme. Pour Mahmoudou Mdallah, cette élection est parfaitement légale et Bavi ne s’y oppose que parce qu’il a vu qu’il n’avait pas l’adhésion de la majorité. « Il a tout fait pour repousser l’élection, mais il avait été décidé qu’elle se tiendrait ce jeudi donc je ne vois pas pourquoi on l’aurait repoussée sous des prétextes fallacieux », a-t-il déclaré. Fahardine Ahamada le rejoint sur la question en déclarant que les 34 délégués avaient répondu présents lors de l’appel et que, même si 16 d’entre eux sont partis en milieu de séance, la majorité avait voté pour lui.
L’accès à l’eau potable pour tous : la priorité du nouveau président
Malgré l’opposition de Bavi, aucune autre élection n’est prévue pour le moment au SMEAM et officiellement, c’est donc bien le maire de Bandraboua Fahardine Ahamada son nouveau président. Il a déclaré faire de l’accès à l’eau potable pour tous les Mahorais la grande priorité de son mandat de 6 ans. L’assainissement des eaux usées sera également au programme afin qu’on ne trouve plus de caniveaux insalubres dans les villages de l’île comme c’est le cas aujourd’hui. « Nous avons 140 millions d’euros à notre disposition pour mener à bien notre mission », a-t-il déclaré. « Ces projets sont donc tout à fait réalisables et rapidement », a-t-il ajouté. Par ailleurs, il a également affirmé qu’il allait s’atteler à redresser les comptes du SMEAM qui sont pour le moment dans le rouge même s’il fallait pour cela que le syndicat « se serre la ceinture ».
N.G