Décidées après les violences entre bandes de Kawéni et de Majicavo, les Assises de la sécurité ont lieu dans moins d’un mois à Mamoudzou et Koungou. La démarche conjointe des deux communes alliées au Département et à l’Etat repose sur l’idée d’une consultation large et ciblée en même temps de la population, en vue de trouver des solutions.
Les grandes lignes qui nous ont été présentées sont les suivantes : une consultation en ligne sur le site de la mairie de Mamoudzou a d’ores et déjà recueilli près de 450 avis, soit plus que les projections des organisateurs. Des adultes relais doivent porter le questionnaire dans les quartiers pour avoir aussi l’avis de populations éloignées des médias et pas ou peu connectée à Internet.
Les jeunes de plusieurs établissements scolaires, notamment du lycée des Lumières (Mamoudzou Nord) et de Petite Terre vont mener des ateliers de réflexion qu’ils restitueront en novembre. Le conseil municipal des jeunes de Mamoudzou va mener une démarche analogue.
Le but de ces consultations est de « toucher toutes les couches de la population » indique la municipalité qui souhaite un « panel représentatif et efficace », sans avoir des milliers de formulaire à décortiquer à la fin des Assises.
Celles-ci se dérouleront donc sur deux jours, et devraient prendre la forme de cinq ateliers, limités à 50 personnes chacun, pour la raison énoncée ci-dessus, mais aussi pour respecter la distanciation physique imposée par la pandémie de Covid-19.
Les grands thèmes des ateliers devraient s’orienter autour de la lutte contre la pauvreté, l’éducation sous toutes ses formes, notamment scolaire familiale et religieuse, la notion de répression, notamment chez les mineurs, la responsabilité parentale et plus largement la participation citoyenne et la médiation.
Une des difficultés sera de ne pas ouvrir la porte au populisme, que ce soit mélangeant le religieux, du domaine du privé, et l’instruction publique, ou en se focalisant sur la répression au détriment de l’insertion des jeunes. Un des écueils qu’il faudra notamment éviter serait de considérer comme ayant échoué des outils (prévention, éducation, lutte contre la pauvreté, accès au droit etc.) auxquels on n’a jamais vraiment donné leur chance faute de moyens financiers, humains, ou de volonté politique, et de renvoyer la balle aux mondes judiciaires et législatifs.
Pour la mairie « l’ordonnance de 45 (qui privilégie l’éducation à la répression pour les mineurs NDLR) n’est pas un tabou » et « le local peut influencer le national ». En mettant sur la table des sujets aussi délicats juridiquement et socialement, ces Assises permettront de libérer la parole dans des cadres plus propices à l’échange cordial que ne le sont par exemple les réseaux sociaux, et si la démarche parvient comme le souhaite la mairie à « ne pas se laisser embobiner par des idées populistes », elle aura l’immense mérite d’offrir un précieux moment de démocratie participative.
Y.D.