Plutôt que de proposer des solutions clef-en-main, l’installation de l’Observatoire de la violence passe par une phase d’interventions écrites de plusieurs personnalités du territoire, écrivains, chercheurs ou simples observateurs, qui doit avoir notamment comme vertu de lever les tabous pour arriver à des discussions franches.
La situation est inquiétante, comme le rapporte Conseil de la Culture de l’Education et de l’Environnement (CCEE) de Mayotte, activé par le rectorat pour porter l’Observatoire : alors que le dernier bilan statistique sur la délinquance générale à Mayotte montre une baisse de -9% sur la période de 2018 à 2019, les atteintes volontaires à l’intégrité physique ont augmenté de +4,36% au premier trimestre 2019, s’agissant de violences gratuites non crapuleuses. Et les violences intrafamiliales ont augmenté de +116,32%, « une situation qui interroge au sujet des actions de protection des femmes et des enfants. »
Principalement, les violences mesurées par le ministère de l’intérieur sont au nombre de cinq :
* La délinquance générale
* Les atteintes volontaires à l’intégrité physique
* Les violences intrafamiliales
* Les atteintes contre les forces de l’ordre
* Les atteintes aux biens.
Dans un communiqué annonçant la création de l’Observatoire, le CCEE souligne qu’une partie de la population Mahoraise « déclare ne plus porter plainte lorsqu’elle se trouve victime de délit, c’est dire que la réalité criminelle n’est certainement pas ce qui est représentée à travers les dépôts de plaintes à la gendarmerie et à la police. Cette résignation vis-à-vis de l’action des forces de l’ordre montre que la possibilité pour que les victimes passent à l’acte et se fassent justice eux-mêmes reste une alternative à ne pas négliger. C’est autre réalité non mesuré par les services de police et de gendarmerie est reléguée à un simple sentiment d’insécurité puisque non quantifié par les institutions. »
Par le biais de l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP), du Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI) et de la Direction Générale des Outre-mer, l’Etat a pour la première fois mandaté la délégation Mahoraise de l’INSEE pour réaliser une enquête Cadre de Vie et Sécurité (CVS) sur l’année 2020.
L’enquête consiste à mesurer la qualité de l’environnement de l’habitat, d’évaluer l’insécurité ressentie et de dénombrer les atteintes aux biens et aux personnes. Sur un échantillon de 3000 individus (soit près de 1% de la population) tirés au sort, l’INSEE va effectivement mesurer le sentiment d’insécurité des habitants de Mayotte.
« Face à de tels enjeux, il convient de proposer une nouvelle manière de penser et d’agir sur les violences dans les espaces intimes et sur l’espace public des Mahorais ».
L’Etat par le biais du rectorat, de l’Agence régionale de santé et le Département par le biais du Conseil de la Culture, de l’Education et de l’Environnement en collaboration avec la Fédération des Conseils des Parents d’Elèves et des Ecoles Publiques, met donc en place cet outil qu’est l’observatoire des violences à Mayotte. Il sera présenté la semaine prochaine.
C’est juste pour gagner du temps