Les coopératives, « un potentiel de développement important » pour Mayotte

Le mois de l'économie sociale et solidaire s'est ouvert ce lundi avec un focus sur les entreprises coopératives, encore méconnues à Mayotte en dehors de l'agriculture. Scop, Scic et autres CAE représentent pourtant un levier intéressant pour notre territoire.

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Les entreprises coopératives ont le vent en poupe

L’entrepreneuriat collectif fait son chemin en France. Avec une croissance d’environ 10% chaque année, ce sont pas moins de 70 000 emplois qui sont répartis en quelque 3000 Scop (Société coopérative et participative) et Scip (sociétés coopératives d’intérêt collectif). Depuis quelques années, une nouvelle forme de structure, les CAE (coopératives d’activité et d’emploi), font aussi leur bonhomme de chemin, même s’il n’en existe encore aucune à Mayotte.

En cause, une « méconnaissance » de ces dispositifs qui permettent pourtant « une large gamme d’activités différentes » explique Alexandre Moreau, Responsable de Fanya Lab à la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire.

« C’est encore pas mal méconnu à Mayotte. Pour le moment il y a beaucoup de coopératives agricoles et artisanales. On a vait accompagné par exemple la Maison artisanale de Mayotte à se structurer, ce sont des artisans qui se sont regroupés autour d’un noyau dur de 4 associés. Ca leur permet de se concentrer sur leur cœur d’activité en mutualisant un espace de vente de leurs produits avec une meilleure visibilité et des débouchés supplémentaires. La coopérative c’est évidemment de l’ESS. Sur la brique, chacun a son entreprise mais des moyens et de la logistique sont mis en commun, c’est le principe de l’ESS.

Majoritairement on ignore qu’on peut en créer dans tous les domaines, c’est tout le rôle de la Cress, plus ça va aller, plus on saura qu’on peut entreprendre en coopérative dans plein de domaines différents. »

70 000 emplois au niveau national

« Les coopératives sont des entreprises très diversifiées » abonde Jean-Luc Champagnat, accompagnateur d’entreprises collectives à la manufacture coopérative, structure nationale et co créateur des CAE.

La Cress pense qu’il y a un potentiel à ce niveau là. Au niveau national il y plus de 3000 scop et scic pour 70 000 emplois environ. Et c’est en progression depuis plusieurs années avec de nouvelles coopératives tous les ans, c’est une dynamique ascendante. »

Et pour cause, puisque chaque type de structure offre des possibilités qui lui sont propres. Ainsi avec la Scop, largement médiatisée lorsque des salariés reprennent leur entreprise en faillite -cela représente 10 à 15% des scops en France), les salariés sont propriétaires de leur outil de travail. « Le risque c’est que le salarié devient entrepreneur et doit aussi être vigilant à la stratégie, ça implique de se former. Chaque salarié verse des parts sociales dans l’entreprise. Après chacun a la possibilité de diriger son entreprise et de fixer soi même sa rémunération » explique Jean-Luc Champagnat. Les Scic poursuit-il, constituent « un mode d’entreprendre innovant : ce sont des acteurs différents qui créent une entreprise commune dans un intérêt collectif ». Lors de la conférence de ce lundi, deux communautés de communes, la CCSud et la Cadema se sont intéressées à ce mode de fonctionnement qui prend tout son sens quand une collectivité y met des parts. Les projets peuvent toucher « à la production alimentaire comme des circuits courts, du transport de personnes, des activités éducatives, de la production d’énergie, du traitement des déchets, il y a bcp de domaines sur lesquels une collectivité peut trouver son intérêt dans un tel projet de synergie locale » vante Jean-Luc Champagnat.

Troisième type de structure, plus récent, « les CAE, coopératives d’activité et d’emploi ont aussi un vrai potentiel pour structurer des filières comme le BTP. Ca peut être intéressant et libérer du temps pour que les entrepreneurs se concentrent sur leur cœur d’activité » plaide Alexandre Moreau. Il s’agira là plutôt d’entrepreneurs qui mettent en commun des moyens, afin par exemple de financer l’achat d’une machine coûteuse qui bénéficierait à tous.

Un mode de fonctionnement intimement lié à l’ESS

A Mayotte où il n’y a qu’un emploi pour trois adultes, l’entrepreneuriat apparaît comme une nécessité économique, et l’économie sociale et solidaire, profondément ancrée dans la culture mahoraise -on peut penser à la musada qui en est un parfait exemple- s’y développe bien. « A Mayotte l’ESS représente 14% des entreprises, c’est plus qu’au niveau national, c’est 23% de l’emploi en 2016 (2613 salariés dans l’ESS, 30aine en coopérative) et 25 millions d’euros de masse salariale » salue Alexandre Moreau.

Seul frein, la communication. « Les scop souffrent aussi d’un manque de connaissance, déplore-t-il, on est donc là aussi pour informer ». Le mois de l’ESS qui débute tout juste est fait en partie pour ça. Des rencontres avec des lycéens et étudiants et des présentations d’entreprises ponctueront les quatre semaines à venir, avec l’ambition de promouvoir la mise en oeuvre de projets structurants, créateurs d’emplois, mais aussi de mieux-vivre ensemble.

Y.D.

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