Un savon qui sent bon. Une huile essentielle à l’Ylang qui évoque les douceurs de la malavoune. Une crème à l’huile de coco pour avoir la peau douce. Mayotte regorge de produits naturels qui peuvent servir en cosmétique. Et plusieurs entrepreneurs l’ont bien compris : ce secteur est en plein développement. Il suffit pour s’en rendre compte d’aller le premier samedi de chaque mois au marché paysan de Coconi pour voir tout ce qui peut être fait sur place, avec des produits locaux et, a priori, sains.
Mais fabriquer des produits ne s’improvise pas, et au delà du savoir-faire artisanal, il y a aussi tout une législation à assimiler. La CCI organisait une rencontre ce jeudi pour former plusieurs producteurs et les aider à structurer cette filière qui, en plus de créer des emplois directs, (re)donne un avenir à l’agriculture : Ylang, vanille, jasmin, autant de richesses qui ne demandent qu’à être valorisées sur place.
Madjinda Zaïnabou, inspectrice à la direction de la concurrence et de la répression des fraudes est venue participer à cette « phase d’accompagnement ». « C’est quelque chose que nous allons poursuivre jusqu’à ce que la filière soit structurée et en ordre ». La filière cosmétique « commence à se mettre en place, de plus en plus d’opérateurs font des cosmétiques à base de produits naturels, mais côté législation on n’est pas toujours dans les clous. Le but n’est pas de les sanctionner ou les faire fermer mais de les accompagner pour que la filière se développe dans les normes. L’idée c’est d’avoir in fine une production de produits cosmétiques locale qui soit fiable, sure, et qui soit une alternative à des produits importés ou vendus à la sauvette de manière informelle. »
L’informel est aussi un enjeu. « Certains sont un peu isolés et commencent leur activité, il y a des agriculteurs qui valorisent eux même leur production avec des cosmétiques, on vérifie qu’il n’y ait pas de risque et on encourage leur mise en conformité avec la règlementation européenne. C’est tout une normalisation qui garantit que le produit est sur, et ne présente pas de risque pour la santé humaine. »
Latufa Youssouf est quant à elle responsable de la filière de valorisation des plantes à la CCI. Elle supervise l’accompagnement notamment réglementaire des entrepreneurs. « A Mayotte la règlementation n’est pas toujours suivi, comme on est loin de la métropole, les gens peuvent avoir l’impression qu’elle ne les concerne pas. Or il y a des tests à faire, pour s’assurer que les produits ne vont pas périmer sur une période trop courte ou développer des microbes par exemple. »
Des risques potentiels à tuer dans l’œuf alors que « la filière cosmétique émerge, les produits simples et naturels, il y a moins de risque mais on commence à voir des produits issus de mélange comme des parfums.
Or les huiles essentielles sont considérées comme des produits chimiques, qui peuvent avoir un effet sur la santé. On voit des crèmes, des choses plus compliquées, il faut éveiller les consciences sur le fait qu’un produit appliqué sur la peau tous les jours peut avoir des conséquences sur la santé.
Les cosmétiques sont une des 9 filières « clé » que la CCI participe à structurer, aux côtés du tourisme, des taxis ou des épices notamment.
Y.D.