Il a fallu que les députés européens s’alignent en rang serré derrière une banderole pour que le Conseil européen et la Commission européenne abdiquent face au bon sens : le budget du Programme d’option spécifique à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) qui applique la Politique agricole commune dans les Régions outre-mers européennes, est maintenu. Le gouvernement français fait état de « l’engagement du Président de la République, du Premier ministre et des membres du Gouvernement », et « la mobilisation de nos parlementaires au Parlement européen, en lien toujours étroit avec l’Espagne, le Portugal et la Grèce, le maintien des enveloppes annuelles du POSEI ».
Le sujet avait largement alimenté les débats de la 25ème Conférence des RUP (Régions Ultrapériphériques) à Mayotte, qui pointaient des agricultures en structuration, voire naissantes pour certaines des Régions ultrapériphériques de l’Europe. Nous avions souligné la bonne nouvelle d’un budget qui ne serait pas réduit de prés de 4% comme initialement envisagé.
Le nécessaire renfort de l’autonomie alimentaire des RUP
Le député européen et président de la Commission du développement régional Younous Omarjee n’a pas peur d’évoquer « une guerre des tranchées », lui qui s’était retrouvé en tête de la contestation de « plus de 60 députés de tous bords mobilisés », avec un « No POSEI cuts », (Pas de coupe dans le POSEI), comme un « No pasarán », affiché en long et large d’une banderole à Bruxelles le 7 octobre dernier. Il avait demandé et fait adopter dans son rapport le rétablissement du budget, des amendements endossés par la Commission Agriculture du Parlement européen et la plénière. Voir son intervention en plénière du 20 octobre 2020.
« Une fois de plus le Parlement européen se fait LE défenseur des RUP à tous les niveaux, sans ce soutien interne pour les RUP nous n’y serions pas arrivé. C’est un acte de résistance que je salue », soulignait-il dans un communiqué dimanche.
Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer, met en évidence l’importance du POSEI sur les agricultures ultramarines, qui « vise à soutenir des filières structurantes pour l’activité économique de ces territoires, dans une logique de transition agroécologique et d’approvisionnement davantage local. »
Quant à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, il met en perspective la crise Covid et le rôle du POSEI nécessaire au renfort de « la résilience des exploitations agricoles dans les DOM et la souveraineté alimentaire dans ces territoires ».
Anne Perzo-Lafond