Smeam : auprès des usagers, un syndicat désolé

Le syndicat mixte des eaux et de l’assainissement de Mayotte (Smeam), a convié ce mardi les représentants des usagers du territoire pour un temps d’échange quant à la gestion d’une ressource au coeur des préoccupations quotidiennes. Une opération transparence pour créer du lien mais dont la finalité reste encore floue.

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Une réunion de près de deux heures pour "intégrer les usagers à notre réflexion", assure Aminat Hariti, 2ème vice-présidente du Smeam.

L’arroseur arrosé ? En conviant les représentants des familles et des usagers de l’eau du territoire, c’est en tout cas à une pluie de questions à laquelle s’est exposé le syndicat des eaux ce mardi. Car c’est masqués, mais sans filtres que les divers représentants – Daourina Abdallah pour l’association départementale des aidants familiaux et Rafza Youssouf Ali pour les usagers de l’eau de Mayotte en tête – ont procédé à l’inventaire de leurs griefs à l’égard du Smeam et de sa gestion de la crise de l’eau. Pour leur répondre dans cette opération transparence, Aminat Hariti en figure de proue. “On a voulu rencontrer ces différentes associations pour intégrer leurs retour à notre réflexion et améliorer le dialogue avec la population”, fait ainsi valoir la 2ème vice-présidente. Et force est de constater que ces retours ne sont pas fameux.

“Pour les familles, c’est la double peine”

Distribution chaotique des kits d’économie d’eau, communication hasardeuse sur les coupures d’eau, doutes sur la qualité de l’eau figurent parmi les premiers griefs soulevés par les représentants d’usagers. Mais là où le bât blesse le plus, semble-t-il, c’est bien au porte monnaie. “On subit la double peine, car en même temps que l’on paye des factures exorbitantes, nous sommes obligés d’acheter des packs d’eau car nous n’avons plus confiance dans nos robinets”, a ainsi martelé Rafza Youssouf Ali. Sur ce point, l’ARS est venu confirmer que si “en temps normal, l’eau est aussi testée qu’en métropole ou ailleurs en Europe, on ne peut pas garantir qu’elle soit bonne après les coupures, c’est pour cela que nous conseillons de ne pas la consommer dans la demie-journée suivante”, indique un de ses agents présent. “Quand l’eau est coupé, il peut y avoir des infiltrations d’eau boueuse”, ajoute le Smeam, sans plus de solution.

“On subit la double peine, car en même temps que l’on paye des factures exorbitantes, nous sommes obligés d’acheter des packs d’eau », a dénoncé Rafza Youssouf Ali, représentante des usagers de l’eau

Dans le même temps, le DGS du syndicat est venu éclaircir les raisons de l’augmentation des factures : une tarification à la hausse s’est appliquée à partir du mois de juin et pour les usagers qui paient en même temps l’assainissement, l’addition s’est récemment salée en même temps que la contractualisation de la délégation de service public sur cette branche. Pas de quoi ravir les usagers qui “subissent les coupures dans un contexte sanitaire très compliqué, notamment pour les personnes âgées ». Promesse est par ailleurs faite de “rectifier le tir” quant aux factures anormalement élevées. De l’erreur humaine, sur les 300 000 documents à éditer plaide pour sa défense un syndicat qui ne manquera pas de s’en excuser platement.

“Nous n’avons pas un rond”

“Mais où passe donc tout cet argent”, s’est en somme questionnée Daourina Abdallah. “Le problème du manque d’eau, c’est tous les ans et en même temps la population ne fait qu’augmenter alors c’est quoi le projet pour nous faire accepter ces factures?”, a lancé la secrétaire générale adjointe de l’association départementale des aidants familiaux. Plus question de se défiler pour le Smeam. “La situation, Madame, n’est pas facile. Il nous faut une retenue collinaire et deux usines de dessalement. Nous avons bon espoir qu’elles soient intégrées au schéma directeur dès l’année prochaine mais le syndicat ne peut pas les financer car nous sommes en faillite. À cette heure, le syndicat n’a pas un rond pour financer ces travaux estimés à 120 millions d’euros ”, lui répond-on avant d’orienter les regards vers l’État, déjà financeur “de toutes les opérations de 2020”.

“Le problème du manque d’eau, c’est tous les ans et en même temps la population ne fait qu’augmenter alors c’est quoi le projet pour nous faire accepter ces factures?”, a quant à elle questionné Daourina Abdallah pour l’association des aidants familiaux

Pas sûr donc, que les usagers y voient plus clair dans la gestion de l’eau et de ses crises cycliques. Pour autant, leurs représentants se sont faits plus dociles en fin de séance promettant notamment de “relayer les informations, pourvu qu’elles soient fiables”, du côté de l’Udaf. Compréhensive, aussi, Rafza Youssouf Ali, à l’égard “d’une nouvelle majorité qui n’a pas la tâche facile, qu’il faut accompagner pour le bien de tous”. Mais vigilante : “je ferai mon boulot de relais, faites aussi le vôtre”.

G.M.

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