Depuis l’affaire Roukia, rien n’est plus pareil. Une instruction parasitée par la gendarmerie et médiatisée au delà du raisonnable… les conséquences au sein d’un petit Tribunal ne se sont pas faites attendre.
La mission d’enquête revient un an après sur les lieux du désastre : « les deux juges d’instruction ne se parlent plus… les greffiers partent les uns après les autres ». Le tableau que décrit la présidente du Tribunal de Grande Instance de Mamoudzou, Marie-Laure Piazza, n’est guère réjouissant.
Ce climat est né de l’enquête sur la mort par overdose de la jeune Roukia, dont l’instruction, toujours pas close, reste très mouvementée. Il faut dire que plusieurs gendarmes sont mis en cause, dont la tête du Groupement d’Intervention Régional (GIR), accusés d’avoir instrumentalisé un trafic d’héroïne. Le juge d’instruction Hakim Karki se plaint de pressions, notamment par « une intervention inadmissible d’un général de gendarmerie » rapportera d’ailleurs Dominique Ferrière, le président de la Cour d’appel de Saint Denis. L’affaire devient médiatisée.
Le glaive sans la balance au dessus de la tête des magistrats
A la suite d’une information judiciaire pour « recel de violation et secret de l’instruction » confiée au second juge d’instruction, ce dernier, Marc Boehrer se procure les « fadettes » (factures détaillées de téléphone) de son collègue Hakim Karki… qui travaille dans le bureau voisin ! La promiscuité des magistrats travaillant au TGI de Mayotte aurait sans doute nécessité une externalisation, au moins sur ce deuxième volet, de l’affaire.
L’ambiance délétère avait amené Christiane Taubira, à la demande de la présidente du TGI, à diligenter une mission d’inspection il y a un an. Les deux magistrats en cause avaient été entendus. « Ce n’est pas le cas cette fois ci » commente Marie-Laure Piazza, alors que deux des trois Inspecteurs généraux des Services judiciaires sont sur place jusqu’à la fin de la semaine pour interroger les autres magistrats ainsi que le personnel travaillant sur cette affaire.
Les deux juges d’instruction seront convoqués à Paris pour être entendus. Ensuite, le ministre de la Justice peut saisir le Conseil supérieur de la Magistrature qui jugera sur la base du rapport fourni par les inspecteurs. C’est l’ordonnance de 1958 relative aux statuts de la magistrature qui prévoit les éventuelles sanctions, relate la présidente du TGI, « qui vont d’un simple avertissement jusqu’à la radiation ».
Résultats : les conclusions de l’enquête sur la mort de Roukia ne sont toujours pas connues plus de 2 ans après les faits…
Anne P-L.
Suite à la publication de cet article, le capitaine de gendarmerie Gérard Gautier nous demande d’insérer le texte suivant sur les conseils de son avocat :
«En ce qui concerne le décès de ROUKIA : Le GIR de MAYOTTE n’est en rien responsable de sa mort et n’a pas instrumentalisé un trafic d’héroïne.
En effet, selon les expertises du 4 juillet 2011 et celles d’avril 2013 dont un extrait partiel et incomplet a été révélé illégalement par France MAYOTTE MATIN le 12 septembre 2013 – ROUKIA est morte d’une overdose d’HEROINE et –TRES IMPORTANT- qu’aucune trace de COCAINE n’a été découverte lors de ces investigations scientifiques !
Les 2 grammes de « poudre » remis par MOHAMED Daniel informateur du GIR à un policier le 2 décembre 2010 ont été testés comme de la COCAINE et ne de l’HEROINE !
Un gramme a été utilisé pour les tests, le gramme restant a été restitué le 16 décembre 2010, certes imprudemment et cela constitue une erreur qui a été reconnue immédiatement par le policier concerné et confirmée lors de sa garde à vue diligentée par les services inspection de la Gendarmerie et de la Police le 14 mai 2011 à Pamandzi.
Les versions des deux informateurs MOHAMED, Daniel et AHAMADA M’ZE Saïd qui mettent en cause des personnels du GIR dans le dédès de ROUKIA SOUNDI ne reposent ainsi sur aucune base factuelle sérieuse.
En outre, il est important de rappeler que « La tête du GIR » n’est pas mis en examen dans ce dossier et qu’un de ses gendarmes a vu sa mise en examen annulée. »