«J’ai 21 ans et je n’ai pas choisi d’être enceinte»

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Des témoignages comme celui de Moina*, l’île en regorge. C’est pour faire passer le message autrement qu’une journée a été dédiée à l’information pour un petit groupe de jeunes.

Maria Saïd Salim: "développer l'échange plutôt que moraliser"
Maria Saïd Salim: « développer l’échange plutôt que moraliser »

Les campagnes ou pièces de théâtre pour prévenir les maternités non désirées se multiplient, Repema et la Maison des Adolescents sont intervenus sur ce sujet, et la chanson de Saandati «grossesses précoces» avait fait le buzz il y a deux ans… mais le chemin est encore long.

C’est pour éviter de diffuser de nouveau des informations qui sont oubliées dès que le conférencier a tourné les talons, que Maria Saïd Salim, animatrice à Caritas France a bloqué une journée entière pour sensibiliser individuellement une vingtaine des 120 jeunes que compte le Centre Nyamba : «je voulais un moment à la fois d’information et d’échange, sans être moralisateur en répétant ‘ça, il ne faut pas faire’ qu’ils entendent tout le temps…»

Pour elle, le problème est plus grave qu’il n’y paraît : «en tombant enceinte, ces filles découvrent que le type est déjà marié, et elles se retrouvent souvent exclues de leur propre famille car cataloguées comme la ‘maîtresse’».

3ème épouse à 21 ans

Les sage-femmes, Alexia Delisle, Laurence Bricout et Madeleine Charvet
Les sage-femmes, Alexia Delisle, Laurence Bricout et Madeleine Charvet

Dans la salle, noyés parmi les jeunes filles, trois garçons. Après avoir avalé une tranche de quatre quarts, tous font davantage connaissance par un jeu qui va unir le groupe. Après un court documentaire,  trois sages femmes Laurence, Madeleine et Alexia détaillaient les différents moyens de contraception et la méthode pour les appliquer et un débat s’ouvrait sur les avantages et les inconvénients de l’utiliser.

Après avoir partagé un repas, un tour de table s’organisait dans l’après-midi autour du thème «c’est quoi être mère ?», en mettant l’accent sur la physiologie du cycle et les premiers signes de la grossesse, et avec le témoignage fort de deux jeunes femmes enceintes scolarisées au Centre Nyamba.

Toutes deux ne savaient pas que les garçons qu’elles fréquentaient étaient déjà mariés. Moina, mariée religieusement, est devenue la 3ème épouse d’un mari malgache, et le copain de l’autre, dont c’était la première relation sexuelle, l’aide sporadiquement à subvenir à ses besoins, «je ne sais pas jusqu’à quand», dira-t-elle.

Leur message commun, et qui sera porteur assure Maria, parle de confiance : «méfiez-vous avant de vous lancer avec un garçon que vous ne connaissez pas ! Attendez un peu avant d’avoir un rapport sexuel, et protégez-vous.»

Un succès selon l’organisatrice qui va reproduire cette journée avec d’autres jeunes.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* Prénom d’emprunt

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