Le conseil départemental dégage une nouvelle fois un excédent budgétaire, de 45 millions d’euros cette année, contre 53 millions l’année dernière. Puisque les dépenses de fonctionnement, dont la masse salariale, semble « maîtrisées », selon le DGA des Finances, c’est vers les investissements qu’il faut donc désormais se tourner. « Ils sont en hausse, pour atteindre 89 millions d’euros en dépenses, contre 77 millions d’euros en recettes ».
Pour 2021, les recettes de fonctionnement sont prévues à hauteur de 305 millions d’euros, contre 276 millions de dépenses.
Comme l’année dernière, le DGA mettait en garde contre la fragilité de la structure budgétaire. Elle repose en effet beaucoup trop sur le dynamisme des cessions immobilières (les Droits de mutation des Titres Onéreux), qui se montent à 54 millions d’euros. « C’est un poste volatile », le modèle économique ne peut reposer sur les ventes de foncier ou de propriétés. Elles n’étaient qu’à 2 millions d’euros en 2014.
Autres recettes fragiles, les dotations de l’Etat sur l’Aide sociale à l’enfance, de 9,6 millions d’euros par an, qui abondent le budget annexe de la Protection de l’enfance. « Ce bon résultat appelle le maintien de la vigilance ». Un warning pour la prochaine promotion d’élus ? En tout cas, le Département a encore des capacités d’endettement, « les voyants sont au vert ».
Opération de passe-passe sur les destinataires des aides
Pour le conseiller d’opposition Daniel Zaïdani, cet excédent doit permettre d’accentuer les efforts du Département auprès des populations fragiles, « celles listées par les CCAS, il faut s’engager pour épauler financièrement les communes, puisque seulement deux d’entre elles ont signé avec l’Etat pour les aides à travers les associations. » Les autres dénoncent des aides aux populations en situation irrégulières, et préfèrent les listes des Centres Communaux d’action sociales (CCAS), dressées par les mairies, donc avec des suspicions de visée électorale. A ce propos, et entrant dans la polémique, le conseiller Issouffi Hadj Mhoko se voulait caustique : « L’Etat commence par ravager des quartiers de Dzoumogne, dont certains avaient la nationalité française, pour ensuite proposer de l’aide alimentaire aux populations en difficulté. Mais ils sont où du coup ?! »
La conseillère de Mtsamboro demandait également de l’aide pour les habitants sinistrés d’Acoua. Comme nous l’avions rappelé, le conseil départemental avait mis à disposition 10 millions d’euros pour les 7 communes sinistrées d’Helen en 2014. Mais tout n’a pas été réclamé rétorquait le président Soibahadine : « La deuxième partie de l’aide n’a pas fait l’objet d’émargement, les travaux n’ont pas été réalisés. Or, les délais sont expirés. Il faut trouver une base juridique pour pouvoir verser le solde, et faire une évaluation rapide des dégâts pour définir l’aide que nous pouvons apporter. A ce propos, je salue la mobilisation exemplaire des services de l’Etat, et à tous les niveaux. Ça donne des raisons d’espérer ». Nous ne saurions mieux clore le sujet.
Un rapport était dédié à la lutte contre la délinquance. Le conseiller Mhoko dressait le récapitulatif. La table ronde avec l’Etat en janvier 2020, le plan de sortie de crise de mars 2020, qui débouchait sur deux conventions avec les maires, les Assises de la Citoyenneté avant que ça ne rebascule. « Avec l’assassinat d’un homme de 43 ans à Koungou en décembre et la tuerie faisant trois morts en janvier, dont deux enfants. Nous estimons que le Plan n’a jamais été évalué, et que les moyens sont insuffisants et inadaptés. Le président avec les élus de Mayotte a demandé le placement de l’île en état d’urgence sécuritaire. » Constatant le peu de résultat des actions mises en place, le Département nomme deux élus pour intégrer un comité de pilotage partenarial avec l’Etat, ainsi que les cadis.
Anne Perzo-Lafond