Le baromètre de la délinquance de la préfecture refroidit le Collectif du monde économique

Faute d’explication de texte accompagnant le 1er baromètre de la délinquance publié ce vendredi, le CMEM en fournit une. Les faits de violence étant erratiques sur le territoire, la comparaison entre les semaines d’une même période sur deux années différentes, n’est « pas probante », notent les chefs d’entreprise.

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Une pluie de cailloux sur la route fin février

La préfecture a publié ce vendredi un premier baromètre de la délinquance. Il utilise deux méthodes. Les faits de la semaine sont comparés dans une première partie avec ceux de la même période de l’année précédente, et dans une seconde, avec ceux de la moyenne hebdomadaire de l’année.

Un exercice pas toujours facile à comprendre, et qui nécessite un décryptage, ce que nous nous étions efforcé de faire. Par exemple, les chiffres de la délinquance apparaissaient en baisse la semaine dernière par rapport à la même semaine de 2020. Ce qui nous avait incité à fouiller sur cette période, pour nous apercevoir qu’il s’agissait d’une période particulièrement agitée en 2020, puisque des troubles violents avaient secoué Kawéni.

A contrario, la période actuelle en confinement est évidemment plus calme… Moyennant, les violences à Koungou contre les résidents proches du quartier démolis de Jamaïque, et cette fois c’est le Collectif du Monde économique de Mayotte (CMEM) qui le fait valoir, « les faits tragiques et abominables qui se sont déroulés à Koungou ne sont pas intégrés dans les chiffres officiels puisque les victimes n’avaient pas encore porté plainte la semaine dernière ».

Outre le fait que les chiffres ne peuvent être livrés sans explications, le CMEM fait une proposition : « Analyser un phénomène tel que la délinquance de semaine en semaine, en comparaison avec ‘la semaine moyenne de l’année passée’, dans des contextes différents, n’est pas probant. Du point de vue du monde économique, nous trouverions donc plus pertinent la mise en place d’un outil d’évolution sur plusieurs années. »

Au delà des chiffres, des actes

Marcel Rinaldy se pose comme un partenaire

D’autre part, l’aléa du dépôt de plainte qui donne naissance aux statistiques est une nouvelle fois pointé du doigt : « une part importante des victimes ne dépose pas plainte pour plusieurs raisons : une situation irrégulière, l’obstacle sociologique et culturel, celui de la langue, la peur des représailles, sans oublier le sentiment que la justice n’est pas en mesure d’apporter une réponse concrète et efficace… »

Pour les chefs d’entreprise, « l’insécurité n’est pas moins importante qu’il y a un an. Elle est même plus palpable et touche d’autant plus la population, qui est à bout. Nous redoutons qu’en l’absence de réponses fortes, des phénomènes de vengeance et d’auto-justice se développent avec les conséquences que cela pourra avoir sur la société mahoraise. »

Marcel Rinaldy, le président du CMEM renouvelle les demandes d’envoi rapide et pérenne de forces de l’ordre, de réorganisation des horaires des forces de l’ordre afin de mieux coller aux réalités locales, de mise en place d’actions d’incitation au dépôt de plainte et de simplification, des démarches pour une appréciation plus juste des chiffres de la délinquance, d’une meilleure prise en charge des victimes après leur plainte.

« Comme déjà souligné à de nombreuses reprises, les membres du CMEM sont prêts à travailler avec toutes les instances de Mayotte ou de métropole pour bâtir un territoire serein et sécurisé. »

A.P-L.

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