Les travailleurs de Mayotte ont payé un lourd tribut pendant le premier confinement qui a commencé il y a un an tout juste.
L’étude emploi de l’Insee, l’institut national des statistiques et études économiques, note que 3000 emplois ont été supprimés durant cette période. Les femmes et les natifs de l’étranger comptent parmi les principales victimes de ce « net recul » de l’emploi à Mayotte.
En effet, les emplois à domicile, catégorie qui a le plus reculé, sont pour beaucoup occupés par des femmes natives de l’étranger.
Globalement, ce sont donc 3000 emplois qui ont été perdus durant cette période. Néanmoins note aussi l’Insee, le chômage a également baissé. Un paradoxe qui s’explique par la définition du chômage utilisée par l’institut.
Ce dernier se base sur les définitions du BIT, le bureau international du travail. Pour celui-ci, est chômeur celui qui n’a eu aucune activité durant une semaine de référence, est disponible pour travailler durant les deux semaines suivantes, et a mené des recherches actives pour trouver un travail. Or, ce dernier point est à mettre en contexte avec la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19. Durant le confinement, il n’a pas été possible de se déplacer pour des entretiens par exemple. Ceux qui ont répondu à l’enquête en se disant à la recherche d’un emploi mais n’ayant pu faire de démarches durant cette période sont ainsi sortis des chiffres du chômage. La baisse est donc mécanique, et ne traduit pas la réalité de l’emploi sur l’île.
Cette nuance apparaît plus clairement quand on s’intéresse au halo du chômage. Le halo, c’est la catégorie de personnes qui voudraient un emploi mais sans mener de démarches actives, et qui tombent de fait dans la catégorie des « inactifs ». Or, ce halo a bien augmenté en 2020 indique l’Insee, ainsi que la catégorie des inactifs en général. Si l’on additionne les 19 000 chômeurs (au sens du BIT) à ceux qui voudraient travailler mais n’entrent pas dans la case du chômage, on arrive à un total de 54 000 personnes sans emploi mais qui en voudraient un, soit 35% des personne en âge de travailler (plus de 15 ans selon le BIT). Or, seules 49 000 personnes ont un emploi et travaillent.
Il y a donc plus de demandeurs d’emploi que de travailleurs. Par ailleurs, 34% des plus de 15 ans « ne souhaitent pas travailler » et n’entrent donc pas dans le halo ni dans le chômage. Ces « inactifs » correspondent pour la plupart aux lycéens et étudiants.
Ces chiffres sont exceptionnels en raison de la crise sanitaire, et devront être mis en perspective avec les études suivantes. Déjà en 2018, un recul net de l’emploi lié aux mouvements sociaux s’était résorbé en 2019. Toutefois l’enquête 2021, qui a commencé le 1er mars en plein reconfinement, n’augure rien de bon.
« Il n’y a pas de raison de penser que ces chiffres dans leur ordre de grandeur ne sont plus valables » estime le directeur régional de l’Insee Bertrand Aumand qui note toutefois un point d’optimisme. « Des emplois ont été sauvés grâce au chômage partiel » indique le statisticien.
Y.D.