Images aériennes : un drone de marché en pleine expansion à Mayotte

Si les drones de loisir sont de plus en plus abordables, l'activité de prises de vues aériennes de professionnalise. Eric Cattiaux, qui vient de créer son activité sur le territoire, estime qu'il y a "un marché à prendre". Mais avec une réglementation de plus en plus stricte, ce secteur n'est pas à la portée du premier venu.

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Un drone volant pour EDM en 2014

On n’a jamais vu autant d’images aériennes de Mayotte et de son lagon. Pour cause, l’arrivée sur le marché de drones de bonne facture à moins de 1000€ a popularisé l’usage de ces appareils volants, commandés depuis le sol avec un simple smartphone. En parallèle, l’Etat a pressenti le risque lié à l’usage incontrôlé de ces appareils, et a légiféré en conséquence, durcissant progressivement les règles d’usage des drones, notamment en zone habitée. Ainsi, prendre des images de son bateau au large est une chose. Monnayer cette activité au dessus d’une île aussi densément peuplée que Mayotte en est une autre.

Actuellement, deux professionnels se partagent ce secteur ultra réglementé (voir le site de la préfecture de Mayotte). Présent depuis plusieurs années, DroneGo Mayotte intervient sur des missions aussi variées que la couverture aérienne de la course de pneus, ou des images sous-marines. Science, archéologie ou encore agriculture font partie des thèmes couverts par l’opérateur historique.

Eric Cattiaux vient de créer sa propre activité de drones destinée notamment aux entreprises

Une présence qui n’a pas découragé Eric Cattiaux dans son idée de créer un second opérateur de drones : Mayotte Drones. Quittant la métropole où de trop nombreux acteurs se partagent un trop petit marché, il a constaté qu’il y avait à Mayotte « un réel marché à prendre ». Pour quiconque a les qualifications nécessaires en tout cas. « 2021 est une année charnière, la règlementation évolue et devient européenne » explique l’ancien gradé de gendarmerie. « Tous les vols en zone peuplée sont soumis à des déclarations particulières ».

Se voulant complémentaire avec l’existant, lui, a préféré orienter sa communication vers le service aux entreprises et aux particuliers. Suivis de chantier, appui aux géomètres, valorisation de bien immobilier font partie de ses ambitions « sur une île en pleine construction et en plein développement ». « Les images peuvent servir à cartographier des zones, à modéliser des bâtiments, mais aussi à évaluer par exemple la quantité de gravas avant un terrassement, ce qui peut faire gagner énormément de temps ». A peine installé, le jeune homme est déjà « beaucoup sollicité par email pour des devis » sourit-il.

Quid de la surveillance par drones ?

La société DroneGo en appui de la police municipale en mars 2020

Cet engouement pour les drones, à usage professionnel ou privé, rappelle qu’il y a un an tout juste la police municipale de Mamoudzou annonçait se lancer dans la surveillance du confinement à l’aide de drones. Une activité qui a fait long-feu. Le 18 mai suivant en effet, le Conseil d’Etat ordonnait « à l’Etat de cesser immédiatement la surveillance par drone du respect des règles sanitaires ».

Dans son ordonnance,  » le juge des référés a estimé que l’utilisation de ces drones relève d’un traitement de données à caractère personnel et doit respecter le cadre de la loi informatiques et libertés du 6 janvier 1978. Constatant que ce cadre n’avait pas été respecté, il a par conséquent ordonné à l’État de cesser sans délai la surveillance par drone, tant qu’un arrêté ou décret ministériel n’aura pas été pris sur le sujet après avis de la CNIL, ou tant que les drones ne seront sont pas dotés d’un dispositif de nature à rendre impossible l’identification des personnes filmées. »

La CNIL qui le 12 janvier dernier condamnait à son tour l’usage des drones à des fins de surveillance et demandait à l’Intérieur de « cesser tout vol de drone jusqu’à ce qu’un cadre normatif autorise un tel traitement de données personnelles ».

L’usage de drones pour la surveillance des frontières maritimes avait aussi été évoqué -et promis- en 2018 dans le cadre du plan pour l’avenir de Mayotte. Mais des contraintes techniques avaient depuis été avancées, notamment la nécessité de disposer de gendarmes titulaires des formations ad hoc et des moyens d’entretien sur l’île.

Alors si le secteur privé est en demande et que de jeunes entreprises trouvent leur place à Mayotte, il n’y a lieu que de s’en réjouir.

Y.D.

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